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m les à croire que le descendant du prétendu interlocuteur de Molièra"ne la tenait pas de son grand-père lui-même, et qu'il n'était que l'écho d'un conte populaire; car, comment suppo- ser que Molière songeât dès lors à son Malade imaginaire, qui ne fut joué que vingt ans plus tard? 11 est plus naturel de pen- ser que, pour donner à son personnage un nom significatif^ il avait fait choix du participe présent du verbe fleurer (sentir, exhaler une odeur), verbe alors très usité. La plaisanterie est d'assez mauvais goût, mais elle a pour nous le grand mérite de la vraisemblance (1). Voilà tout ce que m'ont appris mes recherches sur le passage de Molière à Lyon. Poursuivant son pèlerinage théâtral, il ail» visiter ensuite les cités méridionales, chercher des originaux pour ses chefs-d'œuvre, étudier les mœurs sous toutes leurs fa- ces diverses. Nicolas Chorier, dans sa Vie de Pierre Baissât, nous apprend que Molière fut aussi à Vienne, mais-en quel temps ? Je l'ignore, et cet écrivain ne le dît pas. Il rapporte quelques particularités qui se passèrent en 1641 ; puis, le fait que nous- allons citer, arrive aussitôt avec des termes qui sembleraient le rattachera la même époque; la date néanmoins serait incon- ciliable avec l'âge que le voyageur avait alors. Quoiqu'il en soit, voici notre traduction : « Jean-Baptiste Molière., acteur distingué et excellent auteur de comédies, était, vers ce temps-là , venu à Vienne. Boissat lui témoignait beaucoup d'eslime. Il n'allait pas, comme cer- taines gens qui affectaient une sotte et orgueilleuse austérité, il; n'allait pas disant du mal de lui. Quelque pièce que Molière dût jouer, Boissat voulait se trouver au nombre des spectateurs. Il voulait aussi que cet homme, distingué dans son art, prît place à sa table. Il lui donnait d'excellents repas, et ne faisait point comme font certains monstres, ne le mettait point au rang des (î) I, Tascliereau, Histoire de la vie et des ouvrages de Molière. Taris, 1825--, pag. 289.