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  impies et des scélérats, quoiqu'il fût excommunié (1). Cette
  affection pour Molière, cette passion pour les comédies, finit
  par susciter une grave querelle à Boissat.
      « Il avait fait retenir plusieurs places au théâtre, parce
  qu'il devait conduire des femmes de distinction et des jeunes
  filles à une comédie que Molière avait composée. Deux ou trois
 de ces places avaient été, par hasard, louées à Jérôme Vachier
 de Robillas (2) ; Boissat néanmoins les obtint toutes, sans dif-
 ficulté, à cause de son mérite, de son crédit et de la distinc-
 tion des femmes qu'il devait amener. Vachier se plaignit qu'on
 lui eut fait injure, et il pensait qu'il y avait là préméditation.
 Cet homme joignait à de belles formes extérieures un esprit
 vif et pénétrant, une grande force d'ame ; tout était noble en
 lui, excepté la naissance. II figurait parmi les familiers du duc
 Henri de Montmorency, dans le temps même que Boissat y fi-
gurait également, et jouissait de toutes ses bonnes grâces.
 Supportant avec peine le chagrin qu'il ressentait de l'affront
qui lui avait été fait, il cherchait l'occasion d'amener Boissat
à un combat singulier, et de se venger ainsi. Moi, alors, devi
nant les intentions de Vachier, car nous étions assez unis par
une amitié qui avait existé déjà entre nos parents, j'avertis de
tout les amis de Boissat, qui étaient nombreux et bien choisis;
pendant ce temps-là, je ne perdais pas de vue Boissat lui-
même. A la fin, George de Musy, premier président de la
cour des Aides, et Jacques Marchier, avocat-général de la
même cour (à Vienne), interposant leur médiation, !es deux
partis se réconcilièrent, et la querelle s'apaisa. »
   Molière, devenu l'occasion très innocente d'un duel, à une
époque où l'on descendait trop souvent en champ clos, voilà
une particularité assez curieuse, et que nul de ses biographes
n'a rapportée.M. ïaschereau lui-même, en faisant son curieux

   [l] On sait que l'Eglise réprouva toujours !a profession de comédien.
  (2) De Sepléme auprès de Vienne. Voyez la clé des noms propres à la fin
de la Vie de Baissai.