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 fier d'avoir entendu les premiers accents du jeune Poquelin,
 d'avoir applaudi à ses brillants débuts. Nous savons qu'en
 Î653, âgé alors de 31 ans, il vint dans notre cité avec une
 caravane comique, formée en quelque sorte par lui, vivant
 et agissant sous ses ordres. II était donc déjà souverain, cet
 homme qui devait monter en maître absolu sur la scène fran-
 çaise .' il allait étudier la province, faire la province de ses ri-
 dicules à elle, en attendant qu'il s'emparât de la capitale, et
 qu'il eût son vaste théâtre, son public si nombreux et si bien
 choisi ! A l'époque dont j'ai parlé, Molière nous donna donc
 sa comédie de l'Etourdi, représentée ici pour la première fois.
 La pièce et les comédiens obtinrent un succès complet; les
Lyonnais oublièrent bientôt un autre théâtre que leur ville
possédait depuis quelque temps, et dont les priheipaux acteurs
prirent le parti de passer au nouveau. Parmi eux se trouvaient
de Brie, Ragueneau, Gros René et mesdemoiselles du Parc et de
Brie, tous noms associés désormais au grand nom de Molière.
    Si l'on en croit une ancienne tradition de Lyon, Molière,
pendant le séjour qu'il y fit avec sa troupe en 1653, passant
un jour dans la rue Saint-Dominique de cette ville, aperçut,
sur le seuil d e l à boutique d'un apothicaire, un homme dont la
figure pharmaceutique le frappa. « — M o n s i e u r , monsieur 5
comment vous nommez-vous ? lui dit-il en l'abordant.—Pour-
quoi?— Mais.... » Molière insiste. « — E h ! bien, je m'appelle
Fleurant! — A h ! je le pressentais que votre nom ferait lion,
neur à l'apothicaire de ma comédie; on parlera longtemps de
vous, M. Fleurant ! »
   Suivant cette croyance des Lyonnais, ce serait celte plaisan-
terie qui lui aurait fourni ce nom (1). Cette anecdote, recueillie
par les historiens du département du Rhône, a été racontée
par le petit-fils de ce M. Fleurant, à un de nos plus savants
bibliographes, qui nous l'a transmise. Mais nous sommes por-

  (2) Lyon tel qu'il était et tel qu'il est, par A. G*** (M, l'abbé Aimé Guiltaii),
Paris, 1794, pag. 55.