page suivante »
384 îl serait facile, en effet, de susciter contre les coalisés des diversions puissantes, dont l'influence serait extrêmement fa- vorable à la France. Ainsi il suffirait d'un appel pour que l'hé- roïque Pologne courut aux armes, pour que la malheureuse Italie se levât, impatienté de secouer le joug sous lequel elle gémit. Il suffirait de quelques secours pour que l'Irlande ap- puyât par des actes énergiques les justes réclamations que depuis si longtemps, et toujours en vain, sa voix fait entendre. Il suffirait de quelques avances de la part de la France pour qu'elle pût conclure une alliance offensive avec les Etats-Unis qui saisiraient avec empressement cette occasion de s'emparer du Canada, que depuis si longtemps ils convoitent et qui ne désire rien tant que de se ranger sous le drapeau de l'Union. Il ne faut pas oublier, enfin, que la France pourrait tirer un utile parti de la coopération dévouée de l'Egypte. En présence de tels embarras, il est permis de croire que les coalisés pourraient difficilement maintenir une attitude agressive ; et si, entraînés par une heureuse fatalité, ils persistaient à combattre, on peut raisonnablement penser que la France, si favorablement secondée par les circons- tances, remporterait une victoire qui serait peut-être le signal d'une régénération sociale et d'une ère nouvelle pleine de bonheur et de prospérité. 11 ne faut donc pas se préoccuper de dangers qui heureuse- ment ne sont pas redoutables. Quels que soient les événements qui surgiront de la question d'Orient, quelles que soient les complications nouvelles auxquelles cette question pourra être soumise, il faut que la France soit hardie et ferme parce qu'elle a pour elle la justice et la force, gages assurés de succès. Si donc les alliés qui lui conviennent se présentent, qu'elle leur tende une main amie : mais si elle avait à choisir entre la dégradation et la guerre, qu'elle n'hésite pas à tirer son épée, son triomphe serait certain. B.