page suivante »
282 Ainsi, nous pouvons et nous devons affirmer que le tabac est très pernicieux à la digestion et, par conséquent, à la santé; que la grande quantité de salive sécrétée et expulsée est contraire aux lois natu- relles, et ne peut qu'épuiser et fatiguer les organes, et que cette ac- tion est souvent la cause occulte de maladies graves. Le tabac prisé n'a peut-être pas autant d'influence sur ce grand acte de la vie. Cependant, lorsqu'il est projette trop fortement dans le nez, une partie descend dans la gorge, surtout dans la position du coucher horizontale, et, de là , par l'œsophage, pénètre dans l'esto- mac. On voit souvent chez les priseurs la racine de la langue, le fond de la gorge imprégnés de cette poudre. Chez ceux qui en font abus, l'estomac et surtout le pylore sont presque toujours impressionnés et colorés par le tabac. En général, les personnes qui prennent du tabac avec excès n'ont pas d'appétit; elles sont avides de boissons stimulantes, comme pour réveiller l'énergie de l'estomac stupéfié ; elles maigrissent ou engrais- sent suivant leurs dispositions naturelles. Je saisis cette occasion pour relever une erreur bien commune. Beaucoup de personnes pen- sent pouvoir diminuer un excès d'embonpoint en fumant; eb bien ! elles se trompent, malgré l'expérience qui devrait les éclairer : le plus souvent cet embonpoint est une sorte de maladie, ou de dispo- sition naturelle augmentée par l'action du tabac. Aussi, j'ai vu bien des obésités s'accroître visiblement malgré l'usage immodéré de la nicotiane. Je pourrais signaler un grand nombre d'exemples, et citer même des victimes de cette pernicieuse influence du tabac sur l'estomac et ses fonctions : je 'me contenterai de citer l'exemple de M. G Sa passion pour le tabac était porté à un si haut point qu'il se réveillait quelquefois pour l'assouvir. Il était tombé dans une maigreur effrayante, il n'avait plus d'appétit depuis longtemps. Il cherchait souvent à réveiller l'énergie de son estomac par des fruits à l'eau-de-vie : cependant son activité se soutenait malgré des souf- frances continuelles, des douleurs intolérables à l'épigastre et dans le ventre, lorsque la grippe, qui régnait épidémiquement, vint l'at- teindre. Les organes épuisés ne purent en supporter l'atteinte, et il succomba rapidement à cette maladie. Il poussa si loin sa passion