Revue du Lyonnais » série 1 - n°12 ( 1840 ) » pp.276

                                     276
   Mais, quelque soient les différentes phases de l'histoire de ce!
usage, ce qu'il est important de signaler, c'est sa marche envahis-
sante dans toutes les classes de la société, c'est son influence sur la
santé, ce sont les funestes effets de son abus (().
   C'est en vain que l'on voudrait se dissimuler cette influence, elle
est évidente, elle tombe sous les sens de tout le monde. La préven-
tion, la passion, l'intérêt seuls peuvent le nier; il faut avoir le cou-
rage de le dire afin de prévenir le danger. Je le dis avec confiance,
comme avec conviction, cet usage est on ne plus pernicieux, s'il
continue à s'étendre et à régner, il sera pour l'Occident, ce que l'o-
pium est pour l'Orient, le poison de l'intelligence. Je dirai plus,
même, il apprête un avenir funeste, en minant sourdement la santé et
les facultés intellectuelles chez les jeunes gens, espoir futur de notre
patrie.
   Voyez ces peuples de l'Orient, jadis si brillants de force, de
beauté et de génie ; où sont les descendants d'Homère, d'Hypocrate,
de Démosthènes, de Léonidas? L'abus de l'opium et même de la
nicotiane a tout paralysé, tout empoisonné ; il n'y a plus que des sou-
venirs et des ruines au milieu desquelles est venu s'asseoir le des-
potisme avec son sceptre de fer. Grâce à Dieu, notre belle France
n'aura pas une pareille destinée : la raison et l'expérience modére-
ront cet usage et en préviendront les funestes effets.


          HISTOIRE NATURELLE ET PROPRIETES DTI TABAC.



   Le tabac (nicotiana tabacum) appartient à la famille naturelle*
des solanées, remarquable par l'activité de ses propriétés. A côté
de ce végétal se groupent des poisons énergiques : la belladona, la
jusquiame, le datura stramonium, etc.

   (1) Je ne parle pas de celte influence sur le bien-être des fumeurs, sous le
lappovt économique, etc. M. Cb. Dupin a traité cette question de manière à
ne rien laisser à désirer. Il prouve évidemment que l'ouvrier qui se priverait
de celte funeste habitude et qui mettrait de côlé l'argent qu'il y dépense, se
réserverait une sorte d'aisance pour l'avenir.