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 Etonnés, écoutaient les ravissants accords,
 Les sons mélodieux, inconnus sur leurs bords,
 Que le maître laissait tomber à son passage ;
 Ils écoutaient ! —Ainsi, sur leur rive sauvage,
 Serrant les premiers nœuds d'un lien fraternel,
 Les Thraces accueillaient leur chanteur immortel,
 Orphée, à qui les dieux firent don de la lyre.
 Puis, ils se demandaient comment ceux qu'on admire,
 Et tous ceux qui d'abord semblaient à leur regard
 Avoir, si loin, planté les limites de l'art,
  A leurs yeux désormais, royautés renversées
 De leur haut piédestal, tombaient dans leurs pensées...
  Et tous applaudissaient et tous battaient des mains ;
  Et lorsque comparant ces accents surhumains
  Aux chants qu'en d'autres temps l'on avait fait entendre,
  Dans le passé muet ils voulaient redescendre ;
  Il leur semblait alors qu'au fond des anciens jours,
  On ne retrouvait plus que sons rauques et sourds.



                                 VII (1),


  Oh ! tout ce qu'ont de voix le ciel, la terre et l'onde,
  Tout ce que la douleur et tout ce qu'en ce monde
  La colère et la joie ont de cris déchirants,
  De brisements de cœur ou de chants délirants,
  Au seul flanc d'un bois creux ont un écho qui vibre,
  Un écho qui puissant répond à chaque fibre;

   (•1) Cette strophe fait allusion au prélude pour violon seul suivi d'un al-
legro brillant. '