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192 La nomination du général Précy au commandement de la ville de Lyon avait servi de prétexte aux agitateurs pour ca- lomnier les Lyonnais. Afin de repousser ces imputations, M. Praire-Royet convoqua une assemblée où les principaux chefs de l'expédition lyonnaise furent invités à venir rendre compte de leur mission. Plusieurs personnes s'étaient succes- sivement fait entendre, quand un jeune homme dé 21 ans, à la figure distinguée, à la voix mâle et expressive, se lève, et réclame la parole. C'était Camille Jordan, dont l'éloquence doit un jour vibrer avec plus de retentissement à la tribune nationale. L'orateur rassura d'abord ceux qui avaient conçu des craintes à l'égard du général Précy, choisi pour chef par les patriotes lyonnais, à cause de ses talents et de son ex- périence. Il engagea les habitants de Saint-Etienne à mépriser les mensonges qui avaient pour but d'aigrir et de diviser les esprits ; il rappela les événements qui venaient d'avoir lieu, les complots liberlicides des sans-culottes, le 29 mai, à Lyon, les attentats commis à Paris dans le sein de la représentation nationale les 31 mai et 2 juin. Il soutient que ce n'était pas par des proscriptions que la république devait s'établir, mais par le règne des lois ; il repoussa l'accusation de royalisme intentée aux Lyonnais, qui n'avaient pris les armes que pour la défense de la liberté, et fit valoir le désintéres- sement de ces volontaires lyonnais qui n'avaient abandonné leurs foyers que dans le but de s'associer avec les honnêtes gens de Saint-Etienne, pour assurer la tranquillité du pays. Celle conférence produisit un excellent effet sur la popu- lation ; les rassemblements cessèrent, les esprits se cal- mèrent, les travaux interrompus reprirent leur cours, les commissions du département et du gouvernement s'enten- dirent pour la fabrication des armes qu'ils se partagèrent. Le bruit s'était répandu que Lyon avait accepté la constitu- tion de 93, et tous ceux qui étaient intéressés au bon ordre étaient disposés à adopter un point quelconque de ralliement. D'ailleurs, il existait un grand nombre d'hommes aux opi-