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189 du peuple; il accusa les riches et les marchands d'être insen- sibles à la misère du peuple et de s'engraisser de ses sueurs. Ce langage extraordinaire dans la bouche d'un magistrat (1), causa une grande agitation dans l'auditoire, et tout le conseil resta convaincu que Pignon n'était qu'un intrigant capable de se porter aux derniers excès. La république avait été proclamée, teinte du sang d'un roi faible^ mais vertueux. Tous les partis différents qui avaient contribué au renversement de l'ordre social, commençaient à s'entre-déchirer. Lyon s'était soustrait à l'oppression tyran- nique du parti qui dominait la Convention. Soixante dépar- tements menaçaient de faire de même. Une députalion de quatre commissaires., envoyée parles sections réunies de Lyon, se rendit le 17 juin à Saint-Etienne, afin de remercier ses habitants de la sympathie qu'ils avaient témoigné pour la cause lyonnaise et de les disposer de plus en plus en faveur du fédéralisme. Une commission composée de députés choisis dans tous les districts du département se réunit bientôt dans le chef lieu pour prendre des mesures de défense. Elle avait adopté la suscription suivante : République une et indivisible, résistance à l'oppression; représentation nationale une et en- tière (2). M. l'abbé Combry, curé du Chambon, auteur d'un charmant poème, intitulé la Capucinade, fut nommé membre de cette commission, ainsi que M. Richard, avoué, procureur (1) Il était juge au tribunal du district. (2) La plupart des historiens du siège de Lyon qui ont écrit sous les im- pressions de la restauration, M. Coignet, de Saint-Chamond, lui-même, auteur d'un beau poème dithyrambique, couronné en 1825 par l'Académie de Lyon, porteraient à croire que cette ville n'avait eu en vue que le rétablissement de la royauté. Tous les actes ostensibles de l'époque prou- veut jusqu'à l'évidence que la majorité des habitants de Lyon, quoique les principaux chefs eussent une arrière-pensée, ne voulait point le renver- sement du pouvoir établi, mais avait pris les armes pour repousser des assassins.