Revue du Lyonnais » série 1 - n°12 ( 1840 ) » pp.155

                                155
 quillement faire. Cependant, de même que le tempérament
 agit sur le moral, que dans un corps débile, par exemple, ou
maladif, les idées sont souvent flasques et incertaines, et for-
tes dans un corps sain et robuste, lasainte Vierge devait sans
doute à son corps de pierre des idées fermes et résolues.
 Toutes les fois qu'on la trouva sur la montagne, on eut
beau la remporter à la vallée, elle n'a pas cessé d'y remonter.
   Vous sentez bien que devant une volonté si clairement et
si nettement manifestée, il n'y avait pas à hésiter. Les désirs
de la Vierge devaient être exaucés. Et voilà la miraculeuse
 cause qui a fait bâtir la chapelle des Comités. On attend, à
présent, la récompense de celte réinstaîlation, car il n'est
pas à présumer que la céleste exilée soit ingrate. C'est bien
assez que ces indignes plaies: l'ingratitude et l'oubli, ne soient
 que pour cette terre.
   Quand la petite église a été achevée, il a fallu la consacrer.
M. l'évêque de Belley, que rien n'arrête dans son zèle, qui
connaît les plus pauvres villages de son diocèse, est venu lui-
même la bénir. La cérémonie s'est faite en octobre. Les
grandes et riches pompes des cathédrales ne m'ont jamais
ému, mais les plus humbles prières de mon village m'ont
toujours été jusqu'à l'aine. J'adore le Dieu des faibles et des
pauvres, de ceux qui souffrent et qui pleurent. Je ne com-
prends le Dieu des autres que comme un dominateur magni-
fique qui les briserait en atomes et prend en pitié la richesse
et la grandeur. C'est la consolation que j'aime, — c'est le
sublime artiste de l'univers que j'invoque. Je trouve qu'il
n'y a que deux choses en réalité dans la vie : la contem-
 plation, c'est la prière.
    Ce pluvieux automne de 183... eut au moins un beau
jour pour le triomphal retour de la sainte Vierge dans son
 nouveau palais élevé sur les ruines de l'ancien. Il valait bien
 la peine, misérables de 93 ! d'abattre avec la colère à la-