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87 Viens, marguillier, au lutrin venez tous, Entonnez-moi l'hymne qui nous bénisse ! Que ta prière, ô prêtre ! nous unisse Avant d'entrer dans le lit des époux ! » •— Tout fait silence on ne voit plus la bière..... Mais, du milieu du convoi funéraire , Accourt celui qu'évoqua ce signal, Et le voilà qui poursuit le cheval. Toujours plus loin ! en avant ! hors d'haleine , Le cavalier, le cheval dans leur vol Sont emportés, et font jaillir le sol En tourbillons , en éclairs , par la plaine ! Comme fuyaient, fuyaient de toutes parts , Monts et forêts, à l'horizon épars ! Comme fuyaient, en leur course éperdue, Villes, châteaux, au loin dans l'étendue ! — « Aurais-tu peur?... vois, la lune est au ciel ! Hurrah ! les morts à cheval sont rapides ! Aurais-tu peur, enfant, des morts livides ?» — > — « Ah ! laisse aux morts le repos éternel 1 » — Regarde là !... vois comme se balance Ce long squelette aux bras de la potence, En tournoyant aux caprices du vent, Sous les lueurs que la lune répand. — « Spectre, descends ! du gibet descends vite ! Viens et suis-nous. .. accours à mon signal ; Des noces , viens, tu fêteras le bal, Quand nous irons dans la couche bénite !..» » — Le spectre vint.... voilà qu'il les poursuit Ses ossements claquent d'un sombre bruit, Comme le vent qui siffle et qui s'emporte, Dans la forêt fouettant la feuille morte. Le cavalier, le cheval dans leur vol, Toujours plus loin.... et plus loin.... hors d'haleine, Sont emportés !... en éclairs par la plaine, En tourbillons ils font jaillir le sol ! Comme fuyait tout ce qu'à l'horizon La lune pâle éclairait d'un rayon ! Comme le ciel, les astres sur leur tête Fuyaient... fuyaient... dans leur vol de tempête! — « Aurais-tu peur ? vois, la lune est au ciel ! Hurrah ! les morts à cheval sont rapides ! Aurais-tu peur, enfant, des morts livides?... » — — « Dieu !... laisse aux morts le repos éternel ! » —