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59 Si la dénomination de Marlyrium eut alors aussi ordinairement l'acception que je viens de signaler, nous ne saurions nous étonner de la voir usitée dans l'église de Lyon, ville qui, après Rome, mé- rita entre toutes les autres le titre glorieux de cité des martyrs , et de le retrouver aux environs de l'auguste sanctuaire que la piété de nos ancêtres éleva sur la crypte qui renfermait les dépouilles mor- telles de saint Irénée et des compagnons de son martyre (1). Ce lieu, plus que tout autre, était le grand Martyrium lyonnais ; il put por- ter ce nom par antonomase, sans aucune addition plus spéciale ; et je ne puis douter qu'on ne doive le reconnaître, désigné de la sorte dans l'inscription qui a donné lieu à ces recherches. S'il en est ainsi,le jeune Dominicus, mort à l'âge de douze ans, en aurait passé les cinq premiers dans l'heureuse paix d'un enfant chré- tien, prévenu peut-être dès le berceau des bénédictions du Seigneur ; c'est ce qu'indiquerait l'expression IN PACE, simple témoignage de christianisme, comme je l'ai fait observer plus haut. Les sept autres années se seraient écoulées dans l'isolement du monde, et dans le service de Dieu près des tombeaux, ou dans l'église des saints mar- tyrs, IN MARTYRIO. On pourrait expliquer, ce semble, par cette division de sa vie la réunion sur cette tombe des deux formules con- nues, mais ordinairement séparées, BONE MEMORIAE, et INNO- CENS : celle-ci, appliquée aux premières années de son jeune âge; l'autre, à celbs qu'il passa ensuite dans la maison du Seigneur, devenu en quelque sorte un homme par sa consécration, sa ferveur et ses autres vertus. Quant à la manière dont il fut attaché aux tombeaux (1) Le fanatisme des protestants, au seizième siècle, et le vandalisme ré- volutionnaire, à la fin du dix-huitième, ont détruit trop de documents histo- riques, pour que nous puissions suivre, sans lacune, au travers des siècles, le culte de Saint-Irénée dans notre ville. Nous savons, du moins, par le Martyrologe d'Adon [ad 28 Junii) que les corps des saints martyrs furent dé- posés par le prêtre Zacharie dans une crypte, sous l'autel de l'église qui était alors sous le vocable de saint Jean l'évangélisle. Saint Grégoire de Tours [De glor. mart. SO) avait déjà rapporté le même fait, et signalé la piété des Lyonnais envers leurs marlyrs, et la célébrité de ce culte. Ce sont les données qui se rapprochent le plus de l'âge de notre monument.