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850 Qu'un long réseau deflammeenveloppe et domine, Comme un infernal étendard. Mais, pour lutter encore, aucun bras ne se lève, Car la destruction n'accorde point de trêve A la malheureuse cité : En maîtresse absolue, elle frappe, elle embrase Les murs restés debout du sommet à la base, Et se rit de sa cruauté. Et pourtant, au milieu de ce sanglant baptême, Nulle voix n'a jeté le cri de l'anathème, Ces seuls mots s'élèvent en chœur : « Vous nous aviez donné tous ces biens de la terre, « Vous nous les reprenez dans ce jour de colère, « Par tous soyez béni, Seigneur ! » m. Le soleil a doré les froides avalanches, Et toi seule tu dors, malheureuse Sallanches, Car un terrible chant a bercé ton sommeil. Tes enfants où sont-ils ? Dispersés dans la plaine, Sans asile, sans pain, et courbés sous leur peine Ils attendent en pleurs l'heure de ton réveil. Oh ! que d'affreux tableaux tu caches sous ta cendre ! Dans ton brûlant sépulcre, oh! laisse-moi descendre ! Sur ta saignante plaie, un instant, que ma main S'arrête pour sentir ta dernière souffrance ! Que mon pas, sans trembler, sous tes débris s'avance, Et qu'un reste deflammeéclaire mon chemin. 0 misère ! ô douleur! partout, partout des tombes ; Je regarde en pleurant ces sombres catacombes,