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802 ensuite par les opinions des philosophes que les jeunes Ro- mains allaient déjà étudier à Athènes. Le jour même où Virgile prit la robe virile à Milan, Lucrèce mourut, qui, dans son poème, avail raillé, avec l'ironie d'un moderne, l'intervention des Dieux dans les choses de ce monde : Neve aliqua divûm volvi ratione putemus. * • • • Nequaquam nobis divinitus esse paralam Naturam rerum (1) Cette philosophie d'Epicure qui plaçait dans les sens toute l'autorité scientifique, toute la règle morale, convenait par- faitement aux esprits lourds et positifs des Romains, elle sem- blait leur apporter à la fois une consécration et un raffinement nécessaires; cependant elle ne satisfaisait point entièrement leur naturel qui les entraînait vers des croyances plus pe- santes encore et à la fois plus fougueuses. Le paganisme chancelant cherchait à se recruter, en Egypte et en Asie, où la matière avait été divinisée sous mille formes splendides. La cupidité et la débauche avaient été intronisées dans Rome avec tous ces dieux venus d'Orient ; la subtilité des vaines discussions, autre peste plus dangereuse , y avait été appor- tée par les déclamateurs de la Grèce, cette progéniture inex- tinguible des sophistes. La dissolution s'attaquait ainsi, à la fois, au corps, à l'ame, à l'esprit; la grandeur romaine tom- bait en putréfaction au comble même de sa puissance. Les temps étaient consommés ; le Christianisme était devenu né- cessaire pour fermer l'ulcère du monde, il allait paraître; mais loin de l'attendre dans les prières, Rome noyait tout res- pect, toute croyance dans ses inquiètes saturnales; et c'était dans la troupe des pourceaux d'Epicure que se pressaient et (1) De natura, lib. V.