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265 aucun danger dans un pareil enseignement. Loin de là , il habitue l'esprit à ne procéder que par déduction logique ; il rectifie le jugement. C'est en suivant le nouveau système de l'Académie que l'on arriverait, au contraire, à former des demi-industriels, des ouvriers qui, agissant sans pouvoir se rendre compte de leurs opérations, et qui, ne sachant juger ni la valeur d'un procédé, ni la force d'une machine, ne pour- raient jamais sortir de la routine sans s'abandonner au hasard, et avec la presque certitude de se tromper. Ainsi, le nouveau plan de l'Académie détournerait de son but l'institution de La Martinière, et deviendrait en- core pour l'industrie une source de préjugés et d'erreurs d'au- tant plus difficiles à détruire qu'ils y auraient reçu une espèce de consécration. Mais il n'aurait pas môme l'avantage de produire longtemps un résultat semblable; il rencontrerait bientôt des impossibilités matérielles qui l'anéantiraient. Les dépenses occasionnées par les ateliers de teinture et de fabri- cation auraient bientôt dissipé toutes les ressources de l'Ins- titution. En effet, lorsque de grands ateliers, en dépit de la surveillance incessante des intérêts individuels, ne réussissent qu'à l'aide de capitaux immenses et d'eflorts inouïs, com- ment espérer que des ateliers, dirigés par des hommes, dé- voués, si l'on veut, au succès de l'entreprise, mais qui n'y seront engagés qu'indirectement, puissent soutenir la concurrence des établissements particuliers, et éviter les pertes, les gaspillages causés, chaque jour, en dépit de la plus grande surveillance, par l'inexpérience et l'étourderie de jeunes ouvriers de 10 à 15 ans. De plus, à cet âge où l'on a toute l'intelligence suffisante pour recevoir les premières notions de la science, le corps n'est pas encore assez robuste pour résister aux travaux d'une grande manipulation. A l'école La Martinière il serait impossible d'ouvrir aux élèves des ateliers pour toutes les professions; et, du reste, il n'y