page suivante »
de clameurs que l'année qui précéda celle de sa mort, Elisa- beth fut contrainte de les abolir. Mêmes obstacles à l'industrie naissante. Les monopoles, les privilèges sans nombre l'entravaient : malgré l'arrivée des Flamands qui fuyaient les échafauds du duc d'Albe, malgré le grand nombre des réfugiés protestants qui affluaient en Angleterre comme dans un port, malgré l'accroissement et l'extension considérable que prirent les manufactures, elles furent loin d'atteindre à ce degré de prospérité que sem- blaient lui promettre tant d'éléments de fortune ; l'industrie veut la liberté. Cependant il y eut des améliorations notables: les Anglais apprirent à construire eux-mêmes leurs vaisseaux que, jusqu'alors ils avaient achetés à la Hanse; les monnaies furent réformées, et les pièces anglaises furent les plus pures de toute l'Europe. Le goût du luxe éleva des palais, enri- chit les commerçants et les artistes, répandit dans les classes moyennes une richesse, une aisance inconnues. Tout le monde sait que ce fut un simple particulier, Gresham, qui fit cons- truire, pour le commerce et rornement de Londres, la Bourse qu'Elisabeth appela Royal Exchange. Mais ce qui accrut d'une manière inouïe la fortune pu- blique, ce qui prépara les brillantes destinées de l'Angleterre, ce fut le commerce extérieur, bien qu'il fut aussi comprimé par la prérogative royale. —- Ce fut sous le règne d'Elisabeth que le commerce anglais commença à prendre un développe- ment immense; avant cette époque, l'Angleterre, aujour- d'hui reine de la mer, était si peu connue que lorsque ses négociants parurent, pour la première fois; dans les états ottomans,ne sultan confondait les Anglais avec les Français. Il y avait bien déjà eu quelques essais; Henri VII avait en- couragé l'expédition, dans le Canada, du Vénitien Gabolto : sous Edward VI, Chancelor avait découvert Archangel et jeté les fondements du commerce anglais dans les mers et les 15