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  que la muse de De Loy se livrait à toutes ses inspirations,
  et c'est là, qu'à son insu, on a pu recueillir la plupart de
 ses poésies qui, sans cette précaution, aurait eu le sort
 des mélodies portugaises perdues pour la littérature et
 que dans son nonchaloir il laissait emporter par le vent.
     Longiron restera longtemps avec le souvenir de ces
 douce passe-temps, de ces poétiques réunions qui, désor-
 mais, semblent perdues pour le pays. Si, pourtant, au
 château retentissait la joie, si l'écho du parc, dans ces
 belles soirées d'été, ne redisait que des chants de bon-
 heur, il est plus d'un lieu, dans les profondeurs de la forêt,
 témoin des gémissements du poète. On l'y a surpris
 errant plus d'une fois, à toutes les heures de la nuit, par
 des temps affreux, en proie à toutes les agitations du dé-
 sespoir. C'est qu'il était époux, c'est que lui aussi était
 père, et que bien des voix chères à son cœur, qu'il ne
 voulait pas que d'autres entendissent, le rappelaient et
 demandaient à Dieu son retour....
    Ce retour, encore une fois, était peut-être tout ce qu'il
souhaitait lui-môme; mais, ne rapporter de tant de cour-
ses vaines qu'un nom stérile, rentrer comme au départ
avec le seul bourdon de pèlerin, cette pensée le contras-
tait et le faisait fuir en coupable qui n'a point encore
prescrit son châtiment.
    A peine eût-il resté dix-huit mois à Saint-Etienne ,
où tout devait le retenir, qu'il quitta cette dernière ville
pour se rendre à Douai. Sa position à Douai ne devenait
pas meilleure : à Saint-Etienne il était rédacteur du
Mercure Ségusien, à Douai il le devint du Mémorial de
la Scarpe. Aussi, ce départ ne s'explique que par ce que
nous avons dit de tous ces départs, et par ce qu'il en dit
lui-même dans l'épître que peu de temps après, il adressa
à ses amis du Mercure Sègittien:
         Le cœur toujours rempli de vœux inépuisables,
       Je vais comme le Rhin me perdre dans les sables,
               J'erre de cités en cités ;