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       Semblable au cavalier qui soulevait Lénore,
       Une invisible main vers un lieu que j'ignore,
               M'entraîne à pas précipités.
       C'est le destin, il faut que tout destin s'achève,
       Vous la réalité, mes amis, moi le rêve.
   Or, De Loy qui n'avait pu se fixer à Saint-Étienne, pou-
vait-il donc mieux rester à Douai? Aussi n'y demeura-
t—Il que peu de temps, laissant d'autres amis stupéfaits
de son brusque départ, départ à sa manière, qui, aux
yeux de personnes moins indulgentes qu'à Saint-Etienne,
fit appliquer le proverbe Espagnol à la conduite qu'il tint
vis-à-vis d'eux : A buen servicio mal galardon.
   Après Douai, vint la Hollande ; et après la Hollande
il reprit terre à Longiron, encore à Longiron, parce que
à Longiron se trouvait son hôte au cœur d'Êvandre, et le
groupe d'amis fidèles dont il s'était fait Xenfant prodigue,
amis qui ne se lassaient pas de lui, auxquels cette pau-
vre vie de juif errant faisait peine; qui le reçurent à bras
ouverts et sous l'inspiration de sentiments que M. Royet,
l'un d'eux, exprimait ainsi plus tard :
    « On comprenait que cet homme avait été dévié de sa
voie ; qu'il y avait combat entre sa tête et son cœur, son
mauvais et son bon génie ; mais on regardait au fond de
son organisation, on retrouvait tout ce que la natnre
avait mis d'excellent en lui; le bon principe y était resté :
sensibilité profonde, générosité de cœur, bon vouloir,
chaleureuse reconnaissance et dévoûment sans bornes, et
alors on se sentait pris d'attachement et de pitié pour
cette pauvre nature d'homme mélangée, tourmentée et
 souffrante. La foule ne lui valait rien pour juge et ne
l'aurait pas compris. La froide raison l'a souvent condam-
 né ; mais ceux qui avaient la vue plus longue, ceux qui
regardaient intus et in cute, qui tenaient compte du bien
 et du mal, les miséricordieux, les compatissants l'ont
 mieux compris. »
    Il reprit, à son retour, la rédaction du Mercure Ségusien