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445 épars de la vérité, partout où ils se rencontrent, et c'est elle qui la première, sous le nom d'électisme, a proclamé et mis en pratique, en les élevant à la hauteur d'une théorie, ces principes de conciliation, d'impartialité, de tolérance, qui, de nos jours, ont exercé une si grande influence sur la cri- tique dans la philosophie, dans l'histoire et dans la politique. En démontrant, par la raison et par l'expérience, non seule- ment la possibilité, mais encore la nécessité d'un accord, là , où des esprits superficiels n'avaient aperçu jusqu'alors qu'une opposition absolue, cette école a singulièrement ré duit en philosophie et en politique le nombre des dilemnes, c'est-à -dire, des choses jugées incompatibles. Elle a donc merveilleusement travaillé à la paix du monde en diminuant parmi les hommes les causes d'antagonisme , en préparant l'harmonie et la concorde des intelligeuces humaines. C'est dans cette doctrine, Messieurs, que j'ai été élevé sous la di- rection d'un illustre maître et au sein de cette école Nor- male dont le nom, à plus d'un titre, doit être déjà cher à tous les amis de l'instruction publique et des fortes études. Permettez-moi de continuer, en la développant, cette sorte de profession de foi philosophique par laquelle j'ai pensé devoir débuter dans cette chaire, et, afin de prévenir toute espèce d'équivoques et de malentendus, je m'efforcerai défaire en sorte qu'elle ait aux yeux de tous le mérite de la netteté et de la franchise. Je vais donc passer en revue avec briè- veté les principes les plus généraux et les opinions les plus importantes qui doivent constituer ce que j'appelerai l'esprit de ce cours de philosophie. Le premier principe de notre philosophie comme de toute philosophie vraiment digne de ce nom, c'est le droit absolu de la raison humaine de tout soumettre à ses investigations, de juger en dernier ressort de ce qui est la vérité comme de ce qui est l'erreur. L'autorité et le témoignage du grand