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444 une opinion philosophique douée de quelque force et de quelque originalité qui n'ait trouvé des partisans, qui n'ait eu un certain retentissement dans cette ville avide de con- naître. Parmi ceux qui m'écoutent, qui ne sait qu'au- jourd'hui encore la philosophie, comme les lettres, comme les sciences, comme les beaux arts, compte parmi nos con- citoyens de nobles représentants? Tant cette ville tient à honneur d'être, en toutes choses, la seconde ville de France et de montrer par son exemple que, les travaux du com- merce et de l'industrie n'excluent pas ceux de la pensée ! J'ai donc la certitude que je suis en présence d'un auditoire composé de juges éclairés, et ce n'est pas sans crainte, je l'avoue, que je parais devant eux. Mais la légitime défiance que mes forces m'inspirent serait bien plus grande encore , si j'avais à vous enseigner des doctrines dont j'eusse à moi seul toute la responsabilité. Je me hâte donc de vous décla- rer que j'enseignerai, non pas seulement en mon nom, mais au nom d'une école qui, quoique récente et jeune encore, compte déjà de nombreux disciples dans tous les pays où la philosophie est étudiée. J'enseignerai au nom d'une école qui a déjà fait du bruit dans le monde, qui, même, si j'ose le dire, y a déjà exercé une salutaire influence et qui , je l'espère, donnera quelque autorité à mes paroles. Que ce nom d'école ne vous épouvante pas, Messieurs, qu'il ne vous rappelle pas toutes ces erreurs systématiques dont le règne déplorable a été prolongé dans le monde par l'es- prit exclusif des sectes et des écoles et par des disciples aveu- gles jurant au nom de leurs maîtres. En effet, cette école est venue après toutes les autres, elle a su mettre à profit leurs erreurs comme leurs découvertes, et elle se distingue de toutes par un caractère essentiel qui est la proscription sévère de tout esprit systématique. Elle ne se propose rien moins que d'embrasser et de comprendre tous les éléments