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il cherche s'il ne découvrira point ces morts chéris qu'il pleura
tant à leur départ. Mais le vol de l'ange l'emporte dans d'autres
régions où resplendissent les dominations du ciel, les anges,
les vierges, les martyrs, les cercles des âmes chantant l'éternel
hosannah, et rendant gloire à Dieu de l'épreuve passée comme
du bonheur présent. C'est la chaste épouse qui raconte les
tristesses de la terre en présence des félicités d'en haut ;
c'est l'humble et frêle enfant qui loue Dieu d'avoir été enlevé
à ce moude avant que le mal eût flétri son innocence, et qui
prie pour un père éploré. C'est le savant qui célèbre l'éter-
nelle intelligence ; c'est le pauvre qui s'applaudit de sa glo-
rieuse indigence ; c'est le poète oublié qui fait monter à Dieu
les accords de sa lyre ; c'est un roi jeté sur la terre d'exil, et
qui bénit Dieu pour les amertumes dont fut abreuvé un règne
de quelques jours ; c'est enfin le saint prêtre qui s'incline aux
pieds du pontife éternel, Jésus-Christ.
   Tandis que le poète écoute d'une oreille ravie ces hymnes
dont le concert monte et descend, voilà que la tristesse a voilé
la face de son ange, et qu'un grand tumulte se fait autour
d'eux. Les cohortes célestes ont appris que le Seigneur doit
anéantir leurs globes, et ils viennent le supplier pour la terre
coupable. Leur prière est noble et solennelle, mais ils ont
beau se prosterner en face du triangle divin ; l'heure est ve-
nue. Les fléaux alors se pressent devant le trône de Dieu ; la
guerre, la peste, la famine sont là dociles et prêtes pour leur
fatale mission.
         Le cercle des esprits prosternés en silence
         Entendant prononcer l'implacable sentence,
         Jette un cri déchirant; et, d'un vol consterné,
         Chacun va retrouver son monde condamné.
         Tels, quand l'horizon noir fait gronder le tonnerre,
         De timides ramiers réunis dans une aire
         Se séparent en hâle et regagnent la tour
         Témoin de leur naissance et chère à leur amour (1),

  (1) Chant IV, pag. 134.