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303 d'un ton méditatif el causeur, lels que l'Hivei' et l'Isolement. Ce qu'il y a de mieux ensuite, ce sont quelques vives et aler- tes chansonnettes, tant soit peu gaillardes même, comme celles des Modistes hospitalières; mais rien n'égale, pour la couleur générale et pour le fini cette petite pièce de la Ferme etla Fermière (1). Malgré ce qu'il y a de mauvais libéralisme et d'idées anti- religieuses se faisant jour à travers le volume d'Hégésippe, on voit pourtant que son ame revenait avec amour aux pieux souvenirs de l'enfance, et qu'elle aurait voulu forcer às âge nouiller un corps indocile et rebelle. Ce travail intérieur, ce besoin de croire nous est révélé par une des meilleures pièces- du Myosotis. Elle a pour litre : Un quart d'heure de dévotion. Dans le vieux temple (2) un soir j'entrai, le cœur bien las, Et, ne pouvant prier, je soupirais : Hélas !... « Hélas! à quatorze ans mes lèvres enfantines D'elles-mêmes s'ouvraient aux syllabes latines, Quand j'allais, aux grands jours, blanc lévite du chœur, Répandre devant Dieu ma corbeille et mon cœur; Mais depuis, au courant du monde et de ses fêtes Emporté, j'ai suivi les pas des faux prophètes ; Complice des docteurs et des pharisiens, J'ai blasphémé le Christ, persécuté les siens : Quand l'Emeute aux bras nus, pour la traîner au fleuve, Arrachant une croix à sa coupole veuve, Insultait, lapidait Dieu gisant sur le sol, Enfant, sur les manteaux je veillais comme Saiil; Mais le doute aujourd'hui m'accable, et j'y succombe ; Mon ame fatiguée est comme la colombe Sur les flots du déluge égarant son essor, El l'olivier sauveur ne fleurit pas encor. Mon Dieu, s'il est un Dieu, par pitié, fais-moi croire ! » (.1) Nous avons reproduit celte pièce dans la 84 e livraison de la Revue. (a) Samt-Eticuue-dti-Mont.