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       Je disais ; tout-à-coup l'ombre devint plus noire;
      Dans mes cheveux émus passa ce vent glacé
      Qui sur le front de Job autrefois a passé;
      Le vent d'hiver pleura sous le parvis sonore,
      Et pensif, je sentis que je gardais encore,
      Dans un pli de mon cœur de moi-même ignoré,
      Un peu de vieille foi, parfum évaporé ;
      Cependant mon genou fléchi par la prière
      Se heurta contre un livre oublié sur la pierre ;
      Et j'entendis la voix qui parle aux cœurs élus
      Murmurer dans le mien : «Prends et lis,» et je lus;
      .Te lus en frémissant ces quatre chants sublimes
      Dont l'Auteur s'est voilé de quatre pseudonymes,
      Mais où sur chaque mot le Poète, à dessein,
      Imprima son génie, au défaut de son seing.
      Le repentir me prit, et j'y trouvai des charmes,
      Et du marbre sacré la poudre but mes larmes.


      Quand je me relevai, plus léger de remords,
      Comme au dedans de moi, c'était fête au dehors ;
      La vitre occidentale, allumant sa rosace,
      D'une langue de feu m'illumina la face ;
      Le couple séraphique, en extase courbé,
      Avec plus de ferveur pria sur le jubé;
      Et l'orgue, s'éveillant sous un doigt invisible,
      D'un long et doux murmure emplit la nef paisible.

       Mais bientôt dans ce monde incrédule et rieur
       Je retombai du ciel ; au vent extérieur
       Mon front pâle et poudreux secoua son délire,
       Et, l'œil humide encor, je me pris à sourire.


   Le Myosotis de Moreau n'a pourtant pas ce cachet de vive
originalité, ni cet ensemble saisissant, ni cette individualité
puissante, ni ce caractère à part, sans lequel un écrivain ne peut
être sûr d'une vie durable. L'on a vu, ces dernières années,
apparaître chez nous un grand nombre de livres où ne man-
quait ni l'entente du vers, ni le sentiment de l'harmonie, ni