page suivante »
G8 montrer quels progrès l'Evangile faisait dans la ville maîtresse du monde, s'écrie tout à coup : « 0 trois et quatre fois , ô sept fois heureux le citoyen de Rome, qui te vénère de près, Laurentius, toi et le sépulcre où sont renfermés tes saints ossements ! « Il peut y fléchir le genou ; il peut y répandre des pleurs, il peut s'y prosterner contre terre et l'adresser des suppli- cations. « Nous que visite l'Ebre des Vascons, nous sommes sépa- rés de ces lieux par de doubles Alpes(l), et retenus en deçà des cimes Coltiennes, en deçà des neigeuses Pyrénées. « À peine savons-nous par ouï-dire combien Rome cache de saints ignorés, combien son heureux sol est riche en glo- rieux sépulcres(l). » Le poète qui chantait ainsi avec amour des lieux à lui in- connus, le chrétien fervent qui désirait avec ardeur d'aller s'agenouiller près des tombes des martyrs qu'il célébrait sur sa lyre, prit donc un jour le bâton de pèlerin, et s'achemina vers la ville éternelle. Revenu enfin dans sa patrie, et plein des grands souvenirs de R o m e , il disait à Valérianus, évêque de Saragosse, il disait, au commencement de l'hymne sur le martyre de saint Hippolyte, l'une des plus belles qu'il ait écrites : « Nous avons vu, ô Valérianus, digne pontife du Christ, nous avons vu dans la cité de R o m u l u s , les innombrables tombeaux des saints. Tu m e demandes'quelles inscriptions sont gravées sur leurs sépulcres, quels sont les noms de tous ces bienheureux? — Il est difficile que je te le dise, tant l'im- pie fureur de Rome mit à mort de chrétiens, lorsqu'elle ado- rait les dieux troyens. Plusieurs tombeaux, à la vérité, portent écrits en petites lettres ou le nom du martyr, ou bien quelque (1) C'est-à -dire les Alpes et les Pyrénées. On retrouve la même expression dansSilius Italious, Punie, ri, 335, et dans Sidoine, v, SOS, (2) Des Couronnes. 529— 54,