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        Dans cette place intime où saignent nos douleurs !
        De passé, d'avenir, ses jours pleins s'environnent
        Et l'exil est pour lui ce vallon que couronnent
        L'Àlphée et le Ladon d'un double bord de fleurs !

        Que de fois j'ai douté, suspendant la balance
        Entre le mal réel et l'auguste espérance ,
        Que de fois j'ai douté , si je devais aux cieux ,
        Guidé par mes désirs prendre un essor sublime ,
        Ou bien, comme Manfred, au milieu de l'abîme
                M'élancer en fermant les yeux.

        El j'abordais alors ces sages qu'on nous vante ;
        Je me disais ; peut-être en leur atoe savante
        Luit le mot du problême à nos yeux dérobé.
        J'approchais, attentif à leur parole sainte..;
        Cette parole, hélas ! ce n'était que la plainte
                D'un roseau par le vent courbé.

        Puis, j'allais aux guerriers qu'élève la victoire ,
        Qui brisent de leur nom les clairons de la gloire,
        Et comptent leurs soleils par les prix des tournois ;
        Et ma voix leur criait: géants de cent coudées,
        L'objet qui fuit mes vceux et trompe mes idées
                Le voyez-vous de vos pavois ?

        -Un soufle secouait l'idole triomphale !...
        Ils tombaient, maudissant leur chute colossale;
        Et près d'eux leur trophée insultait à leurs yeux;
        Tel Icare expirant au sein des mers cruelles,
        Voyait, comme un défi, la plume de ses ailes
                 Loin de lui flotter sous les cieux.

  « Si nous n'écoutions que notre p r o p r e p e n c h a n t ,      nous
prolongerions notre citation ; mais voici déjà beaucoup de
vers, et la poésie est un mets qui paraît fade à beaucoup de
lecteurs ; comme le rat de la fable , ils n'y touchent             qu'avec
dédain, dente superbo; soyons donc discrels, c'est le plus sûr
moyen de n'être pas importun.
                                                           A. M.