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189 fois il dut leur venir à la pensée de comparer leur demeure à cette demeure , leur servitude à la captivité des prisonniers., leurs nœuds de choix et d'amour à des liens de contrainte et de gêne! Ils n'étaient pas de ceux qui n'ont de sympathies que pour les victimes du pouvoir, mais pourtant le cœur de nos Cordeliers fut souvent ému du sort des captifs ; ils ne les ju- geaient pas., ils les plaignaient. Et quand le hasard des com- bats, les insinuations des partis , les découvertes de la justice y conduisirent un Louis Sforce, duc de Milan, un Nemours , un Grollier de Serrière , un duc de Bouillon, un Cinq-Mars , un de Thou , les bons Religieux donnèrent, en secret, une larme à de si hautes infortunes; puis, se repliant sur eux- mêmes , couverts du Dieu qu'ils avaient choisi pour héritage, s'enveloppant avec une joie nouvelle du manteau de la pau- vreté , ils s'enfouirent avec plus d'amour encore dans les pro- fondeurs ignorées de leur solitude. Us n'en sortaient que pour vaquer au ministère de la prédication, aux œuvres du zélé, aux funérailles auxquelles étaient conviés les quatre men- diants (1), aux bienséances commandées par la règle, et con- ciliables avec leur état. » "Voilà donc les Religieux, voilà le monument dont M. l'ab- bé Pavy nous retrace toutes les vicissitudes, grandes ou pe- tites , sombres ou lumineuses-, avant l u i , personne encore n'avait entrepris cette belle tâche ; on savait aussi peu l'his- toire de ces Religieux et de ce monument que celle d e l à pierre la plus vulgaire et la plus isolée, parce que nos riches- ses domestiques sont celles que nous regardons le moins, et que l'Observance , comme le remarque l'auteur , serait visi- tée , admirée, étudiée,choyée, si elle était à quinze ou vingt lieues de Lyon , dans quelque asile inabordé ; mais aux por- tes de Lyon, y songez-vous ! Heureux cent fois les monu- (1) Les quatre^ordres mendiants étaient les Jacobins, les Cordeliers, les Carmes et les Augustins.