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tout réclamé en faveur d'un chapitre sur un exemplaire de
Virgile qui avait appartenu à Yoltaire, et dans lequel Fonta-
nes avait puisé de curieuses remarques, exprimées d'une pi-
 quante façon.
   En 1792, Fontanesse trouvait à Lyon , d'où il écrivit àBois-
jolin une Epitre sur VEmploi du temps. Elle allait à son adresse
naturelle , car Boisjolin , poète de la trempe de Fontanes , et à
 qui l'on doit quelques beaux fragments, n'a pas su arracher
sa muse à un funeste sommeil. Fontanes lui conseillait de met-
tre le temps à profit, parce que trop tôt le talent voit venir ses
jours de déclin. Il lui disait ensuite :
         Que n'es-tu près de moi? Les lieux d'où je t'écris
         A l'amant, au poète , offriraient des abris.
         Tu chantais le printemps; ses beautés m'environnent.
         Du front de cent coteaux que les vignes couronnent,
         Mou regard, abaissé sur d'immenses moissons ,
         Voit des Alpes au loin resplendir les glaçons.
         Des fleuves, enfuyant, dans leurs eaux réfléchissent
         Une antique cité que les arts enrichissent.
         Quel contraste ! en ces champs peuplés d'heureux troupeaux ,
         Des cruels triumvirs ont flotté les drapeaux !
         Là , fut placé leur camp ; là, des vierges modestes
         D'un palais des Césars foulent en paix les restes.
         Ces débris sont leur temple , et leurs pieuses mains
         Cultivent quelques fleurs sur des tombeaux romains.
         De Jupiter couché sur son aigle brisée
         La croix fit taire ici la foudre méprisée.
         Mais tout change, et, du haut de cette auguste tour ,
         La croix qui la soumit va tomber à son tour (1).
         Ici, plus d'une fois rêva l'auteur d'Emile,
         Et cet antre écarté fut, dit-on , son asile ;
         Ami de la nature, il aimait ces beaux lieux.
         Qui peindra ces tableaux qu'ont admiré ses yeux?
         Pour Delille ou Vernet qu'ils seraient favorables !
         Ici, la poésie , au siècle heureux des fables ,
         Eût dit qu'en ces vallons , dans le mois des amours ,
         Les nymphes , à dessein reprenant leurs atours ,
         De la Saône à mes pieds , par le Rhône entraînée
         Viennent orner le litet fêter l'hyménée.
         Un jour, ô jour fatal ! les nymphes, dans les pleurs,
         Rejetèrent soudain leur couronne de fleurs.
         Plus de jeux, plus de chants ! Les deux fleuves gémirent,
         De lamentables voix sur les eaux retentirent,
         Qui de ces deux amants l'un par l'autre immolés

  (1) On avait ordpnné de démolir le cloître de la Visitation,