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99 PORTRAITS D'ENFANTS. Qu'ils m'ont toujours paru ridicules et vains Tous ces portraits d'auteurs, froids et lourds écrivains •Qu'en dépit de leur gloire un tendre légataire Doit loger au grenier, par droit héréditaire, Et qui, vingt fois chez eux s'imposant aux regards, Font maudire vingt fois le plus charmant des arts ! Mais le portrait chéri qui console une mère, Qui rend de la beauté l'éclat moins éphémère, Qn'on montre avec orgueil, qu'on regarde souvent, Qui fait battre le cœur comme un être vivant ; Pour mieux nous émouvoir que sans éclat il brille Et conserve toujours sa place de famille ! Cette place sera celle de mes enfants. Quel prodige de l'art, quels efforts triomphants, Quels pinceaux assez prompts, quels doigts assez habiles Pour saisir, pour fixer ces figures mobiles ! Le peintre a beau gronder : ses modèles distraits Dérangent ses couleurs, lui dérobent leurs traits, Ou, faisant éclater leurs fureurs enfantines, Enlaidissent leurs fronts de grimaces mutines, Et, d'un art fatigant accusant le bienfait, Le forcent de laisser son ouvrage imparfait.