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100 Quoi ! loin d'eux exilée, une mère attendrie Ne pourra contempler leur image chérie ! Ah! d'un art plus puissant empruntons les couleurs, Que leur premier portrait ne coûte pas de pleurs ! Us peuvent à leurs jeux se livrer sans contrainte ; Du chagrin sur leur front ne craignons plus l'empreinte. Dans ces cris de plaisir je reconnais leur voix. Ils courent, que m'importe ! ils sont loin, je les vois. Sur leurs visages frais que la santé colore, Devançant la beauté, la grâce vient d'éclore. C'est l'enfance croissant en toute liberté, Si vive en ses douleurs, si franche en sa gaîté, Et qui, chaque matin, dans le jeu qui commence, Renferme de bonheur un avenir immense. On voit déjà l'esprit poindre en leurs traits joyeux ; S'il manque à leurs discours il brille dans leurs yeux : L'une, en mots caressants, près de vous s'insinue, L'autre jette au hasard sa parole ingénue, Baisse ses deux grands yeux pour mieux se recueillir, Et de son embarras sait encor s'embellir. Dans ce regard si vif où la malice éclate Le sourire répond au coup d'œil qui la flatte ; Et là de la raison tous les germes naissants Semblent sortir du cœur et jaillir en bon sens. Malgré son droit d'aînesse éclipsant sa compagne, Par son joli minois la plus jeune vous gagne ; Elle goûte, à cinq ans, l'éloge avec transport, Fait admirer sa taille et son air et son port -, Elle connaît déjà le prix d'une caresse,