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310 s'en occuper , c'est quelque chose sans d o u t e , el ce quelque chose, on l'a o b t e n u , mais ce n'est point assez. Il y avait d'autres résultats el de bien plus grands à conquérir. La Commission executive, dont nous ne mettons pas en doute les bonnes intentions , ne nous semble pas avoir com- pris assez largement la mission dont elle était chargée. Elle a visé plutôt à satisfaire les souscripteurs , en multipliant pour eux les chances de gain par l'acquisition de nombreux ta- bleautins , qu'elle n'a cherché à pousser les artistes dans une bonne voie , à leur faire entreprendre de consciencieux tra- vaux , et produire enfin des œuvres de quelque dimension et de quelque valeur. De petites pochades, de petits tableaux de genre bien finis, bien léchés ^ ne restent pas long-temps sur le chevalet , ils trouvent toujours des acquéreurs ; mais ce sont les grandes toiles, les éludes sérieuses et larges devant lesquelles reculent nos artistes, assurés qu'ils sont d'avance de perdre les fruits d'un long labeur. C'est ainsi qu'on eut réellement servi l'art, c'est ainsi qu'on eut encouragé ceux qui le cultivent avec conscience et amour. Et puis , pourquoi tant de démarches obséquieuses auprès de nos peintres de la capitale , ces hauts et fiers suzerains qui ont l'air de nous faire l'aumône, en nous vendant fort cher ce qu'ils n'ont pu placer à Paris ou ailleurs ! On devait appeler tout le monde , mais ne solliciter personne. La p r o - vince doit ouvrir avant tout son exposition aux productions de ses artistes , si non , elle manque à son b u t , à son esprit, à sa fondation. La Société des Amis des Arts est établie sur des bases trop étroites, des intérêts trop personnels et partant trop mesquins pour avoir en elle une longue vie et produire des fruits qui durent. Au lieu de la faire reposer sur l'égoisme, le gain de quelques tableaux, il fallait lui donner un généreux mobile, solliciter les souscriptions non point par l'appât éventuel de lots plus ou moins nombreux, mais par une noble pensée artis-