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narration naïve de quelque anecdote. Maintes fois son front se déridait, et il ne craignait pas de dire un mot q u i , en faisant rire son auditoire, gravait dans la mémoire des élèves la question qu'il voulait leur apprendre. Il était bon et généreux, incapable de ressentiment. S'il n'a pas eu des ennemis (les hommes b o n s , sans for- tune et sans ambition, en ont rarement), il n'a pas été sans envieux, d'autant plus à leur aise , q u e , le connaissant in- capable de méchanceté et d'injustice , ils ne craignaient pas son ressentiment. Il a connu des gens qui , se disant ses amis, avaient voulu profiter de nos discordes politiques pour lui ravir une place gagnée au concours ; mais il ne leur a jamais donné à connaître qu'il se doutât de leurs intentions. H D'un caractère naturellement vif, a dit M. Rainard, sur la tombe de son ancien professeur, de son collègue et ami pendant trente a n s , s'il ne fût pas toujours maître de son premier mouvement, il ne gardait jamais de rancune; il fut souvent le premier à reconnaître les erreurs qu'il avait com- mises, et il montrait en toutes choses une bonhomie qui at- tachait à lui. » Il défendait ses opinions avec la conviction d'une amc ar- dente qui ne doute jamais, les développait avec enthousiasme, mais toujours avec bonne foi ; autant il mettait de la vivacité à les soutenir lorsqu'elles lui paraissaient j u s t e s , autant il était prompt à les abandonner, à rire même de ses erreurs et à se féliciter qu'elles n'eussent pas prévalu, si la réflexion ou les arguments de son adversaire lui prouvaient que !a vérité n'était pas dans sa manière de voir; mais nulle puis- sance humaine ne l'aurait fait dévier de ce qui lui paraissait équitable. Nous avons vu qu'il avait bravé les menaces des Montagnards , dont il n'ignorait cependant ni l'inébranlable volonté ni le terrible s y s t è m e , et plus tard il ne fut pas plus ébranlé par l'or du pouvoir, quoique depuis long-temps il con- sidérât les doctrines du gouvernement absolu comme étant seules capables de gouverner les sociétés modernes. En 1820,