page suivante »
SOI dire en descendant au tombeau : J'ai légué quelques vérités utiles à l'humanité. Il n'a pas failli à sa noble envie , et la passion qui excitait l'ambition du jeune professeur é t a i t , quarante années après , l'unique mobile de notre doyen. Il possédait de l'écrivain toutes les belles qualités que peut acquérir une organisation favorisée de la nature par de nom- breuses lectures , par une grande pratique, mais qui n'a ja- mais voulu se donner la peine d'apprendre par des études spéciales les conventions souvent peu rationnelles que la mode et l'usage ont imposées à notre langue. Il avait de l'ima- gination, du goût, beaucoup de facilité, une grande abon- d a n c e ; son style était clair^ concis, léger, quelquefois pitto- resque. M. Grognier, qui avait une indifférence complète pour l'étiquette, qui n'attachait aucune importance aux vaines for- malités qu'on est convenu d'observer dans les relations so- ciales pour cacher les sentiments souvent peu honorables qui nous animent, était plein de tact pour savoir ce qu'il devait dire ou ne pas dire dans ses écrits ; il employait tou- jours l'expression la plus convenable , se renfermait cons- tamment dans son sujet, s'abstenant de toute discussion inu- tile. Il ne faisait de l'érudition que lorsqu'elle était le but prin- cipal de son travail, ou lorsqu'elle lui était nécessaire pour soutenir une opinion ou pour la combattre. Mais, parles diffé- rents travaux sortis de sa p l u m e , nous voyons que ses con- naissances étaient aussi étendues que variées. Je citerai l'ar- ticle haras, imprimé dans le nouveau cours complet d'agri- culture , l'article hygièna, du même ouvrage^ ses Noies pour servir à l'hisloire de la grande manufacture de Lyon, e t c . , pour prouver q u e , sous le titre le plus modeste, il donnait les preuves d'un profond savoir. M. Grognier était un professeur zélé; sa diction était facile et ses expressions bien choisies. Il traitait ses sujets avec ordre et simplicité. Ses leçons étaient souvent des causeries avec ses élèves; il cherchait à captiver leur attention, tantôt par le ton de sa voix, tantôt par son débit animé ou par la