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jours passés et à r e n d r e ainsi plus cuisantes p o u r eux les
atteintes du mauvais t e m p s .
   La dernière semaine d'octobre venait de s'écouler dans
un éclat     inaccoutumé à cette pluvieuse saison                 lorsque
j ' a p e r ç u s les premières hauteurs des Alpes vers lesquelles
je m'acheminais. Rien n e saurait p e i n d r e ma surprise de
les trouver couvertes de neige ; j ' e n éprouvai une sorte
d'effroi, d o n t je ne me rendis alors nul compte, mais que
je pourrais appeler aujourd'hui le sentiment instinctif de
ce qui m'y a t t e n d a i t ; et, en effet, habitué aux m o n t a g n e s ,
je peux dire étant m o n t a g n a r d , je ne sais comment expli-
quer une aussi forte émotion que n'avaient pu faire naître
en moi les Pyrénées françaises et espagnoles avec leurs
forêts vierges, leurs gouffres d o n t l'eau seule connaît la
profondeur^, leurs glaciers et leurs dangers de toutes sor-
tes dans ces temps de guerre.
         Enfin j ' a b a n d o n n e aujourd'hui les Alpes après le
séjour le plus pénible, le plus d o u l o u r e u x qui se puisse
i m a g i n e r ; ces premières pages de mon j o u r n a l sont datées
des premiers jours de l'année. Le mauvais temps p a r a î t
se calmer, le soleil est brillant, ma santé est presque
b o n n e , je sens germer en moi un peu d'espoir et je me
mets en r o u t e avec confiance. J e pars ainsi sur la foi de
quelques doux présages, sans réfléchir assez peut-être q u e
j ' e n t r e p r e n d s une course bien aventureuse, sans vouloir
c o m p t e r combien de fois déjà j ' a i été le jouet d'un rayon
de soleil, d'une convalescence rapide et de celte voix sourde
qui survit à tout dans le cœur qui souffre et dont chaque
parole est u n e espérance !....
   J e m'achemine        donc vers les déserts de la G r a n d e -
Chartreuse par les rochers du Sapey ! Ces passages si
scabreux dans les beaux jours, au dire des caravanes j o -