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252 jours passés et à r e n d r e ainsi plus cuisantes p o u r eux les atteintes du mauvais t e m p s . La dernière semaine d'octobre venait de s'écouler dans un éclat inaccoutumé à cette pluvieuse saison lorsque j ' a p e r ç u s les premières hauteurs des Alpes vers lesquelles je m'acheminais. Rien n e saurait p e i n d r e ma surprise de les trouver couvertes de neige ; j ' e n éprouvai une sorte d'effroi, d o n t je ne me rendis alors nul compte, mais que je pourrais appeler aujourd'hui le sentiment instinctif de ce qui m'y a t t e n d a i t ; et, en effet, habitué aux m o n t a g n e s , je peux dire étant m o n t a g n a r d , je ne sais comment expli- quer une aussi forte émotion que n'avaient pu faire naître en moi les Pyrénées françaises et espagnoles avec leurs forêts vierges, leurs gouffres d o n t l'eau seule connaît la profondeur^, leurs glaciers et leurs dangers de toutes sor- tes dans ces temps de guerre. Enfin j ' a b a n d o n n e aujourd'hui les Alpes après le séjour le plus pénible, le plus d o u l o u r e u x qui se puisse i m a g i n e r ; ces premières pages de mon j o u r n a l sont datées des premiers jours de l'année. Le mauvais temps p a r a î t se calmer, le soleil est brillant, ma santé est presque b o n n e , je sens germer en moi un peu d'espoir et je me mets en r o u t e avec confiance. J e pars ainsi sur la foi de quelques doux présages, sans réfléchir assez peut-être q u e j ' e n t r e p r e n d s une course bien aventureuse, sans vouloir c o m p t e r combien de fois déjà j ' a i été le jouet d'un rayon de soleil, d'une convalescence rapide et de celte voix sourde qui survit à tout dans le cœur qui souffre et dont chaque parole est u n e espérance !.... J e m'achemine donc vers les déserts de la G r a n d e - Chartreuse par les rochers du Sapey ! Ces passages si scabreux dans les beaux jours, au dire des caravanes j o -