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253 yeuses que chaque été y ramène, que ne seront-ils pas aujourd'hui!... —N'importe, c'est chose résolue, j'irai et j'irai seul. —• En quittant Grenoble, et à mesure que j'avance vers la montagne, se déroule à mes yeux un magnifique effet de brouillard. Lorsque le soleil commence à déchirer ces couches épaisses, à les colorer, à les rendre transparentes, le paysage apparaît avec une incalculable étendue, il prend un caractère vraiment fantastique. Ces effets se reproduisent régulièrement chaque matin; mais ils sont incomparable- ment plus beaux dans l'hiver. On se demande, alors même qu'on est assuré de voir pour la première fois ces mer- veilleuses scènes, où l'on a déjà éprouvé cet étonnement, cette sorte d'extase qu'elles commandent et on se rappelé confusément les régions où l'on a été transporté par les rêves merveilleux de ces sommeils trop rares qui nous ini- tient aux extases religieuses ou que réalisent des lectures fantastiques faites à la veillée. A l'entrée même du chemin qui, dans la belle saison, me conduirait en peu d'heures au monastère, je trouve deux couvents; l'un est à droite, l'autre à gauche; ils sont placés là comme pour disposer l'aine aux émotions reli- gieuses qui l'attendent; ce sont deux bénitiers placés à l'en- trée de la nef qrâ conduit au sanctuaire. Un grand nombre a dénié la cause miraculeuse de la retraite de saint Bruno, fondateur de l'ordre des Chartreux; toutefois un grand nombre aussi l'atteste, et, sous le règne de Louis XIII, la version surnaturelle trouvait encore le plus grand crédit. Témoin un conseiller du roi qui a publié à ce sujet un bon gros livre, plein de candeur, que j'aime à regarder comme très véridique et cela d'autant plus vo- lontiers que la bulle du pape Urbain VIII, en retranchant