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yeuses que chaque été y ramène, que ne seront-ils pas
aujourd'hui!... —N'importe, c'est chose résolue, j'irai et
j'irai seul.
   —• En quittant Grenoble, et à mesure que j'avance vers
la montagne, se déroule à mes yeux un magnifique effet
de brouillard. Lorsque le soleil commence à déchirer ces
couches épaisses, à les colorer, à les rendre transparentes,
le paysage apparaît avec une incalculable étendue, il prend
un caractère vraiment fantastique. Ces effets se reproduisent
régulièrement chaque matin; mais ils sont incomparable-
ment plus beaux dans l'hiver. On se demande, alors même
qu'on est assuré de voir pour la première fois ces mer-
veilleuses scènes, où l'on a déjà éprouvé cet étonnement,
cette sorte d'extase qu'elles commandent et on se rappelé
confusément les régions où l'on a été transporté par les
rêves merveilleux de ces sommeils trop rares qui nous ini-
tient aux extases religieuses ou que réalisent des lectures
fantastiques faites à la veillée.
   A l'entrée même du chemin qui, dans la belle saison,
me conduirait en peu d'heures au monastère, je trouve
deux couvents; l'un est à droite, l'autre à gauche; ils sont
placés là comme pour disposer l'aine aux émotions reli-
gieuses qui l'attendent; ce sont deux bénitiers placés à l'en-
trée de la nef qrâ conduit au sanctuaire.
    Un grand nombre a dénié la cause miraculeuse de la
retraite de saint Bruno, fondateur de l'ordre des Chartreux;
toutefois un grand nombre aussi l'atteste, et, sous le règne
de Louis XIII, la version surnaturelle trouvait encore le
plus grand crédit. Témoin un conseiller du roi qui a publié
à ce sujet un bon gros livre, plein de candeur, que j'aime
 à regarder comme très véridique et cela d'autant plus vo-
 lontiers que la bulle du pape Urbain VIII, en retranchant