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239 Quand une place est rendue, le feu du canon cosse ; mais le rôle de l'artillerie n'est point encore terminé. Il lui reste à opérer le désarmement, à rechercher les magasins de poudre, de projectiles et des autres objets destructeurs, et enfin à prendre possession de tous les moyens de défense de l'ennemi. Chaque jour mieux apprécié, Maléchard ne pouvait plus occuper que des emplois supérieurs. A notre entrée à Constantine, il fut fait commandant de l'artillerie de la place, chargé de l'opération aussi délicate qu'importante dont je viens de parler ; et plus tard nommé chef d'état major de l'artillerie, poste précédemment occupé par un maréchal de camp. De l'avancement était bien dû à sa belle conduite. U fut proposé pour le grade de lieutenant-colonel, et le ministre de la guerre s'em- pressa de lui écrire le 11 novembre que le roi, qui connaissait les services qu'il avait rendus et qui savait apprécier sa conduite dans la dernière expédition, lui réservait le premier emploi qui deviendrait vacant dans l'artillerie. En même temps qu'on lui assurait cette récompense aussi juste que bien acquise, il en recevait une autre non moins flatteuse et qui déposait aussi honorablement en faveur de son mérite ; c'est le concert d'éloges sorti de la bouche de tous les officiers qui l'avaient Vu à l'œuvre. En leur présence, comme sous les yeux des généraux en chef, et d'un jeune prince, digne appréciateur des éminentes qualités qui déjà brillent en sa personne, il avait donné trop de preuves de cette haute capacité, de ce savoir acquis e,t de ces dons innés qui font l'homme de guerre, pour qu'il fut permis do douter qu'il no dût être appelé unjourà l'un des premiers emplois de l'arme dans laquelle il s'était fait un si beau nom. Mais pendant que ce brillant avenir se déroulait à ses yeux, la providence, qui se joue dm projets et de l'espoir des mortels, se disposait à l'arrêter subitement dans la carrière. Un pressentiment funeste avait poursuivi Maléchard durant toute la campagne. En partant de Toulon, son cœur se serrait à l'idée de quitter la Franco ; et il n'est presque aucune de ses lettres où il n'ait fait dos vœux pour le retour. Dans le courant d'octobre, il éprouva quelques malaises dont il tint d'abord peu de compte. Mais, le 27, il