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^t vertement ramené à Aiger, il fut frappé des changements heureux
qui s'y étaient opérés depuis 1830.11 disait alors au général Lahitte,
accablé comme lui d'une station de plus de douze heures à cheval :
« Quand viendra !é temps où une de nos bonnes diligences d'Europe
abrégera la durée et la fatigue de ces ennuyeuses marches? » Eh
bien! ce souhait élait réalisé en 1837. C'était dans le coupé d'une
diligence, traînée par cinq chevaux arabes, qu'il faisait ce voyage,
sur une belle route, large, bien tracée, entretenue comme celles de
France, adroite et à gauche de laquelle il voyait des champs bien
cultivés, et à Doli-Ibrahim, à Douera et à Bouffarick, d'assez nom-
breuses maisons construites à la française !
     Il est vrai que, sur les points intermédiaires de ces villages bien
bâtis, se trouvent grouppés çà et là de misérables huttes qui com-
posent les villages ou douairs des Arabes et de leurs troupeaux ché-
 tifs, dont l'aspect attriste le paysage plutôt qu'il ne l'égaie; mais
 ce voisinage même des habitations élevées par les Européens est
 une preuve de bonne intelligence entre eux et les indigènes ; et si
 les routes ne sont pas encore parfaitement sûres, s'il est encore
 besoin d'escorter les diligences, ce n'est point pour se garantir con-
 tre ces paisibles voisins, mais seulement contre les attaques d'une
 tribu guerrière, les Hadjoutes, qui habite à l'ouest de la plaine et
 dont quelques hommes sont parfois venus piller et massacrer les
  voyageurs jusqu'aux alentours de nos avant-postes.
     Ses affaires terminées à Alger, Maléchard prit la route de Bone.
 Avant d'y arriver, le bateau qui le portait relâcha à Bougie ; quel-
  ques heures passées en cette ville suffirent pour lui donner une idée
  de ce qu'elle a dû être. Bâtie en amphithéâtre sur la pente d'une
  montagne qui descend à la mer, et au milieu de sites aussi frais que
  gracieux, sa position était des plus heureuses. Chaque maison avait
  son jardin d'orangers et une ou plusieurs sources d'eau jaillissante.
  Une grande quantité de ruines en couvrent le sol, et des débris, en-
  core debout, d'un vieux édifice, attestent que Bougie fut une des
  plus agréables cités de la riche colonie que les Romains avaient fon-
  dée en Afrique.
      Maléchard arriva le 15 mars à Bone, et pendant le temps assez
   long qu'il y passa, il fit une étude approfondie du pays.