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222 La population de cette ville s'élève de huit à neuf mille âmes, et se fait remarquer, comme celle d'Alger, par la diversité et le nombre des nations dont elle se compose : Maures, Turcs, Français, Espa- gnols, Italiens, Mallais, etc. Les nombreuses ruines romaines qui couvrent les environs de Bone ont donné un caractère tout-à -fait scientifique aux excursions que Maléchard fit dans cette contrée avec quelques officiers, ses amis. Un jour, le 6 juin, ils sortirent de Bone par une chaleur de 34 degrés; ils se dirigèrent sur ia route de Constanline, et trouvèrent d'abord, à une lieue, un bel aqueduc, destiné, selon toute appa- rence, à conduire les eaux à Hippone, ville célèbre par l'épiscopat de saint Augustin. Parvenus sur l'emplacement qu'elle occupait, ils virent, au milieu d'une grande quantité de ruines, un magnifique réservoir auquel arrivaient sans doute les eaux amenées par l'aque- duc. La beauté du travail de ce bassin, tout-à -fait grandiose, ne permet pas de méconnaître l'ouvrage du grand peuple auquel on doit les Arènes de Nîmes. Nos voyageurs allèrent déjeûner à cinq lieues de Bone, au camp français de Drôan. Pour y arriver, ils avaient traversé une plaine couverte de riches prairies, mais absolument dépourvue d'arbres, d'accidents de terrain, et dont la monotone solitude n'est troublée que par quelques tribus nomades qui établissent leurs tentes à une portée de fusil du chemin. Près du camp, apparaissent quelques méchantes cabanes occupées par des marchands européens ; et il n'y avait point d'indigènes en cet endroit, car, règle générale, ce n'est que dans les villes, telles qu'Alger, Oran et Bone, qu'ils consentent à vivre dans notre voisi- nage. Maléchard et ses amis, auxquels on fit très-bon accueil, déjeunè- rent dans une salle de vieux feuillage bien sec et bien poudreux, qui les mit, pour quelques instants au moins, à l'abri d'un soleil dévo- rant ; mais leurs chevaux restèrent exposés à toute l'ardeur de ses rayons, parce qu'en Afrique, lorsqu'on leur a donné à boire et à manger, on ne s'occupe guère de ces animaux. Bientôt repartie du camp de Dréan, la petite caravanne se dirigea vers Guelma, en parcourant un pays devenu montagneux, garni