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220 peu de ressources qu'offrait le pays, ne permettaient d'y envoyer ni un corps considérable, ni un matériel trop embarrassant. On fit donc choix de troupes aguerries, dont le courage éprouvé pût compenser le nombre, et une partie de cette armée d'élite fut embarquée long- temps avant l'ouverture de la campagne, afin que les soldats pussent s'acclimater. Les officiers furent pris parmi les plus capables et sur- tout parmi ceux qui avaient déjà fait la guerre en Afrique. A ce double titre, Maléchard ne pouvait être oublié, et il fut, dès les pre- miers jours de janvier, désigné par le ministre de la guerre pour oc- cuper l'emploi de commandant supérieur des batteries de siège dans la future expédition de Constantine. Cette nomination à un poste aussi important n'était point une faveur. Il fut appelé à faire la campagne de Constantine par les mêmes motifs qui l'avaient fait appeler à faire la campagne d'Alger; sa brillante réputation dans l'armée et les excellentes notes qui exis- taient sur son compte au ministère. Aussi son élévation à ce poste fut-elle accueillie avec une extrême faveur par tous ceux qui étaient à portée de le connaître et de l'apprécier, première et bien douce récompense d'une conduite noble et belle, qui ne se démentit point en cette dernière circonstance, et qui, s'il en avait eu besoin, aurait été une éclatante justification du choix du ministre. Le 17 janvier, il reçut l'ordre de se rendre immédiatement à Bone, pour y recevoir les poudres, munitions et autres objets de matériel qui devaient être envoyés de Toulon. Parti de Lyon le 24 du même mois, il arriva à Alger le 8 février. Dès qu'il eut satisfait aux besoins les plus pressants du service, îl se hâta de parcourir le pays qu'il n'avait pas revu depuis le mo- ment où nous y avons mis le pied en vainqueurs. Curieux de savoir quelle influence la civilisation française avait exercée sur ces tribus barbares; c'était surtout hors de la ville que ses observations devaient être le plus intéressantes. Le 14, accompagné d'un officier de ses amis, il fit une excursion jusqu'aux avant-postes de Bouffarick, en passant par le consulat d'Espagne et les villages de Deli-Ibrahim et de Douera. Se rappelant alors combien ces lieux étaient peu sûrs quand il avait quitté l'Afrique, et qu'un jour, en allant à Bouffarick avec une colonne du général Bourmont, il avait été attaqué à Bélida