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transporter des munitions de la poudrière à l'Hôtel-de-Ville, où les
troupes se trouvaient sans vivres et sans moyens de défense. La dis-
tance d'un lieu à l'autre est assez longue ; les rues étroites et popu-
leuses à parcourir dans le trajet étaient cernées; le convoi, dirigé
par le capitaine Maléchard, fut plus d'une fois en péril, obligé qu'il
était d'essuyer sur plusieurs points le feu des insurgés ; néanmoins
il arriva heureusement au quartier général.
   Le dernier des trois jours (1), deux pièces de canon, dont il put
disposer, n'avaient personne pour les servir!... 11 improvisa des
artilleurs, il se procura non moins vite les choses nécessaires an
maniement de ces pièces ; et, sans le secours de cette petite batte-
rie, nul doute que l'on n'eût échoué dans la retraite, qui s'opéra
nuitamment par un défilé de trois quarts de lieue au moins, où les
factieux tiraient à bout portant sur la troupe, dont ils tuèrent plu-
sieurs officiers, auxquels ils visaient de préférence. Dans cette occa-
sion, un certain nombre des canonniers de Maléchard reçurent des
balles qui lui étaient personnellement destinées.
   Dans toutes les affaires, où s'était trouvé cet officier, il s'était
signalé do manière à mériter un nouvel avancement; il devait en
obtenir après la conquête d'Alger, ainsi que l'avait demandé le gé-
néral en chef, dont la proposition demeura sans résultat par suite
de la révolution de juillet ; mais, en décembre 1831, ses titres fu-
rent mis sous les yeux du roi, qui lui conféra le grade de chef d'es-
cadron. Il entra alors dans la catégorie des officiers supérieurs,
parmi lesquels il était si bien digne de figurer.
   La crainte de voir naître do nouveaux troubles et le besoin de
les prévenir, rendirent indispensable l'entretien à Lyon d'une gar-
nison plus nombreuse. Chargé du commandement des 5 e , 6 e et 15 e
batteries du 7 e régiment d'artillerie, Maléchard se trouvait encore
en cette ville au mois d'avril 1834, lorsque éclata une nouvelle in-
surrection. Cette fois, les moyens de défense étaient organisés; mais
le peuple, travaillé de longue main par les agents des divers partis
hostiles au gouvernement, était en mesure d'opposer une sérieuse
résistance. La lutte, qui ne dura pas moins de cinq jours, fut achar-

  (1) 22 novembre 1851,