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une position nouvelle pour lui, et qui était sûrement loin de conve-
nir à l'ardeur et à l'impatience de son âge ; mais c'est à l'école de
l'adversité que l'ame se fortifie, que la maturité s'acquiert et que
l'on apprend à modérer l'effervescence du cœur par le raisonnement.
    Les premières années de Maléchard s'étant écoulées, ainsi que je
l'ai dit, au milieu d'une famille éprouvée par le malheur, et son édu-
cation militaire s'étant faite dans les désastreuses campagnes d'Al-
lemagne et de France, en 1812, 1813 et 1814, rien ne lui a man-
qué pour acquérir les qualités et le vrai caractère d'un guerrier,
pour s'élever en quelque sorte au niveau des grands événements
qu'il traversait.
     La campagne de 1814 fut la dernière de l'Empire. L'Europe épui-
sée ne demandait que le repos ; et les années suivantes, en permet-
tant aux puissances de rétablir leurs trésors, permirent aux peuples
 de réparer les pertes de la génération qui venait d'être décimée.
     Ces années do tranquillité, la France les dut à un prince dont la
sagesse était aussi le fruit d'une heureuse organisation et d'une lon-
gue expérience faite dans l'exil et l'adversité. Si Louis XVIII ne fit
point la guerre, il s'occupa avec soin de l'administration militaire
et du bien-être personnel du soldat; il apporta des améliorations,
aujourd'hui complétées, qui sont toutefois, pour leur auteur primi-
 tif, des titres à une gloire, sinon aussi éclatante, du moins plus du-
 rable que celle des conquêtes.
     Maléchard paya dignement son tribut à ce progrès.—Attaché
alors à la direction d'artillerie de Grenoble, il s'acquitta d'une ma-
nière remarquable des travaux qui lui furent confiés. Aussi ne tar-
da-t-il pas à être nommé capitaine (1), et bientôt après adjoint au
 commandant d'artillerie de la 7e division militaire.
     C'est sans doute pendant qu'il occupait ce poste à Grenoble qu'il
  a fait un Mémoire sur la défense d'une partie de la Frontière de
  France, que j'ai trouvé dans ses manuscrits, et qui dépose hono-
 rablement des études consciencieuses, du travail assidu et de l'expé-
 rience consommée de l'auteur. On voit que ce mémoire a été com-
  posé sur les lieux; et les travaux, exécutés depuis lors à Grenoble,

   (1) 10 janvier 1819.