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211 hommes du pouvoir, qui, s'ils font quelque bien en pareille occur- rence, ne le font, pour ainsi dire, qu'en secret, dans la crainte d'éta- blir des précédents onéreux au trésor. Parmi les officiers dont, après l'action, on se borne à constater froidement la perte, afin de procéder plus froidement encore à leur remplacement ; car, véritable pépinière de héros, la France en en- fante toujours plus que la mort ne peut en décimer ; parmi eux, dis- je, il en est qui ont déjà révélé toutes les qualilés de l'homme de guerre, et qui se sont trouvés, par le hasard des circonstances, dans la position d'exercer une grande influence sur le sort des batailles. Tel fut, entre autres, Charles-Bernardin-Gabriel Maléchard, que, dans le mémorable siège de Constantine, son mérite avait placé fort au-dessus de son grade, et dont la destinée n'eut pas tardé à deve- nir des plus brillanles, si, quand sa quarante-cinquième année venait à peine de s'accomplir, une mort aussi cruelle que prématurée ne fût venue l'enlever à sa mère, à ses amis et à Ja France. PREMIÈRE PARTIE. Né à Sainte-Foy-lès-Lyon, le 24 octobre 1792; issu d'une fa- mille consulaire qui tenait un rang honorable, mais que la fortune a long-temps traitée avec rigueur, doué par la nature des plus favo- rables dispositions, et élevé par les soins de son oncle, M. Derville- Maléchard, préfet distingué sous l'Empire, le jeune Charles dut le premier développement de ses heureuses qualités aux bons exem- ples qui l'entourèrent durant cette éducation primitive, sur la- quelle se fonde toute une vie. Sensible et bon, vif et prompt dans ses réparties, ferme et résolu dans ses petits projets, et cependant réfléchi, il se préparait aux études de collège, tout en se livrant en liberté aux jeux habituels de l'enfance dans une de ces campagnes (à Souzy) dont les sites pitto- resques font du Lyonnais l'un des plus agréables pays de France. C'est ainsi que son intelligence se développait en même temps que son corps, sous un ciel pur, au milieu des joies et des exercices du jeune âge et sous les yeux de ses parents, charmés de découvrir en lui le germe de ces qualités solides et précieuses par lesquelles il devait plus tard se distinguer.