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   Un soir, il revenait avec deux de ses petits amis d'une chasse aux
papillons; accablés de fatigue, ils s'arrêtèrent et se mirent tous
trois à philosopher. « Nous nous sommes assez occupés de futilités,
s'écrie Maléchard, livrons-nous maintenant à quelques travaux uti-
les ; allons en Amérique, nous convertirons les sauvages ; vous prê-
cherez, et moi je tuerai ceux qui vous feront du mal. » Déjà com-
mençait à se développer son caractère grave et belliqueux.
    Bientôt il fallut songer aux études sérieuses; et pour cette édu-
cation classique, le jeune Charles fut confié à une congrégation reli-
gieuse dont la supériorité comme corps enseignant n'a jamais été
contestée; placé au petit séminaire de l'Argentière, il eut pour pre-
 mier professeur le célèbre père Loriquet.
    Travaillant avec ardeur et toujours au premier rang parmi les
 élèves, il remporta presque tous les prix. Aux examens, la justesse
 et la lucidité de ses réponses furent remarquées par ses maîtres, qui
 le citaient commme un modèle. Il avait quitté depuis longtemps
 le séminaire, que le père Loriquet, quand il n'était pas content des
 explications de ses élèves, leur disait : Vous ne me donnez pas là
du MALÉCHAKD !
   Il termina ses études au Collège de Lyon, et fut admis à l'Ecole
polytechnique (1). Sans doute que sa supériorité l'eut mis à même
de faire un choix dans les différentes carrières ouvertes aux élèves
de cette école ; et des considérations de famille l'auraient déterminé
à entrer dans le corps des ponts et chaussées, ainsi qu'il en avait
dès long-temps manifesté l'intention. Mais une voix plus forte et
plus puissante se fit entendre, celle du pays, réclamant des défen-
seurs. Nos armées venaient d'épouver dans le nord de funestes re-
vers; et pour réparer tant de pertes, il fut indispensable d'appeler
un grand nombre de nouveaux officiers.
    Alors Maléchard quitta l'Ecole polytechnique pour entrer en qua-
lité d'élève sous-lieutenant d'artillerie à l'Ecole impériale d'applica-
tion de Metz (2), où il ne resta que peu de temps, son mérite bien-
tôt reconnu et les besoins de l'armée lui ayant fait franchir rapide-

   (1) Le 1 e r novembre 1810.
   (2) Le 1 " octobre 1812.