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94 protecteur, avons-nous une histoire qui nous retrace les cou- rageux efforts de nos pères pour l'élever au point où il est aujourd'hui ? Attendra-ton que notre industrie, cette noble fille d'Italie, ait rendu le dernier soupir pour écrire son éloge; ou bien, losque notre indifférence l'aura chassée de nos murs, pensera-t-on aux moyens qui auraient pu l'y maintenir? Je ne sais; mais ce que je sais fort bien, c'est que pour savoir ce que nous fûmes dans les siècles passés, il faut fouiller nos archives et interprêter différemment leur singulière ambi- guïté. Somme totale, nous ne savons pas ce que nous fûmes, ni bien moins ce que nous serons. L'ignorance est notre élé- ment. Nous n'avons point d'histoire industrielle. Celle qu'a publiée dernièrement M. Beaulieu est bien loin de combler cette lacune. On comprend que, comme telle, elle a dû passer inaperçue. M. Beaulieu nous a décliné dans son ouvrage son incompétence historique et industrielle. Comme historien, il glisse avec trop de rapidité sur des événe- ments et des faits qui sont les nœuds de notre histoire. Il est vrai qu'il s'est imposé un plan duquel il ne peut pas sortir, et qu'ayantà parler des autres industries lyonnaises, il doit ne je ter qu'un coup d'oeil incomplet sur celle de la soie. Mais le bon La Fontaine a dit quelque part : Qui trop embrasse, mal étreint. Comme industriel, il nous parle des mécaniques, des moyens de fabrication et de la classification des étoffes ac- tuelles avec une ignorance qui nous fait croire qu'il est allé en chercher la description technique dans l'ancienne Ency- clopédie. Il ne nous semble pas non plus très-initié dans les nombreuses applications des sciences aux arts industriels, car il en est encore à faire l'apologie de tous les inventeurs de l'antiquité. En un mot, si vous extrayez des ouvrages de Roland de la Platière, d'Herbigny et Verninac ce qui concerne directement la fabrique lyonnaise, si vous compilez ce qu'il y a de plus spécial dans quelques brochures publiées sur ce sujet depuis vingt-cinq ou trente ans , vous aurez à peu près le livre de M. Beaulieu.