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 trouvé que haine dans la religion , elle se prit à son tour à
 la détester ; le christianisme lui apparut opposé aux progrès
 humanitaires, elle le déchira ; toutes croyances lui apparu-
 rent une lettre m o r t e , un symbole rétrograde ; elle les nia
 toutes; elle se fit déiste ou a t h é e , à son gré. Les philosophes
 se proclamèrent avant tout les hommes dé la nature. Ce d é -
 vergondage effrayant d'une raison livrée à ses déductions
 ténébreuses, infecta soudain et la cour et le peuple ; l'indif-
férence religieuse naquit alors, et c'est à peine s i , perpétuée
jusqu'à nos j o u r s , elle commence à vieillir. Dès ce moment,
ce ne fut plus une tolérance éclairée qui permit à la vérité
d'illuminer ses voies, ce fut une confusion étrange , un cahos
i n é n a r r a b l e , les religions diverses furent regardées égales,
non pas en grandeurs, mais en bassesses ; la philosophie
les couvrit toutes d'un même m é p r i s , et si quelques-unes
furent épargnées de préférence, elles le durent à leur sou-
mission complaisante , à leur faiblesse comparée aux forces
enracinées du christianisme.
    Dans cet état de choses, l'exil des Juifs avait perdu son
 sens, et par le fait il fut révoqué. Je ne sais pas si Louis XV
 rappela formellement les Israélites , mais il est certain qu'il
 les laissa rentrer en France. Cette faculté fut cependant
 considérée comme une faveur, et les Juifs étaient restés si
 long-temps les parias de la société , qu'ils ne purent parvenir
tout d'un coup à laver leur front de leur tache exceptionnelle
et caractéristique ; mais la Révolution s'avançait pour tout
niveler. Les Juifs, placés sous la protection des lois du
r o y a u m e , n'étaient point cependant considérés comme ci-
toyens français , et par suite de cette distinction fâcheuse ,
chaque famille israélite devait par ce seul motif supporter
un impôt de quarante livres. Dans la séance du 20 juillet
1790 , l'Assemblée nationale supprime cet i m p ô t , et porte
les Israélites au rang de citoyens. Personne, depuis ce jour,
n'a osé renverser cet équitable rétablissement des droits de
tous.