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ligieux; Philippe se fit l'apôtre du baptême : la purification
que donne l'Eglise servait de sauve-garde contre la proscrip-
tion , e t , grâces à cette condescendance, le Juif obtenait le
droit de garder au grand jour ses défauts primitifs ; en un
m o t , il devait se faire nommer chrétien sans cesser d'être
Israélite. Avant le quatorzième siècle, les propositions de
Philippe auraient été fièrement rejelées par les Juifs , et les
proscrits m a l h e u r e u x , mais fidèles, se seraient laissés con-
damner à tous les tourments plutôt que de fermer l'oreille au
cri de leur conscience. Mais, eu 1346, l'intérêt commençait
à éteindre la foi de quelques-uns ; la conversion au culte du
Christ leur parut une pure affaire déforme qui ne liait pas leur
cœur ; autour d'eux, d'ailleurs, les enfants de l'Eglise faisaient
si souvent bon marché des principes catholiques, qu'ils p u -
rent bien croire à la futilité des doctrines chrétiennes ; aussi,
pour conserver et étendre leurs privilèges, plusieurs Juifs se
firent bapiiser, sans renoncer entièrement aux ordres du
Thalmud. N'était-ce pas en effet se plier à la nécessité du
m o m e n t ? Et le Thalmud ne leur prescrivait-il pas d'acheter
la fortune en trompant les chrétiens ?
   Si donc Philippe pensa bien faire en imposant aux Juifs la
double alternative du baptême ou de l'exil, il se trompa.
L'Eglise ne put pas se glorifier d'un retour imposé à la lâcheté
par la crainte : on n'obtint qu'une confession démentie par
le c Å“ u r , et ce parjure se rencontrera trop souvent lorsque
l'option ne sera pas entièrement libre de toute appréhension,
lorsqu'on remplacera la persuasion par la menace. Hâtons-
nous de le dire cependant, la fierté juive n'avait pas fléchi
tout entière : si quelques Israélites se courbèrent devant le
caprice du prince^ s'ils préférèrent le mensonge à l'héroïsme
de l'exil, la généralité de leur nation est restée vierge de
cette souillure ; placée entre la confession du Christ et la
proscription, elle choisit cette d e r n i è r e , et s'éloigna du
royaume> en laissant à ses frères renégats, et son m é p r i s ,
et l ' o p p r o b r e , et la richesse, et le remords. Comment la