Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.321

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blâmerais-je? elle marchait suivant sa foi. Le propre de l'es-
prit humain est de ne jamais vouloir s'instruire par ordre
 d'une puissance armée.
    Nous sommes à 1350. De grands malheurs vont peser sur
 la France; je n'ai plus besoin de dire qu'ils amèneront né-
 cessairement la prospérité des Juifs. Il est une chose déplo-
 rable à remarquer dans notre histoire de France , et si l'in-
 gratitude ou la versatilité des princes étaient choses non e n -
 core dites, je devrais insister davantage sur cette remarque.
 Toutes les fois que notre patrie fut dévorée par une plaie
 qui la rongeait, les Juifs étaient mandés pour panser la bles-
 sure ; mais que de beaux jours viennent éclaircir l'horizon
 de la F r a n c e , et vous verrez nos anciens rois rejeter dans
 la disgrâce et l'exil ces médecins devenus inutiles. Comme
 si le trône sentait en lui et autour de lui l'impuissance de se
 soutenir, il allait mendier à Israël le pardon, l'oubli du
 passé et, pardessus tout, son bras d'argent pour arrêter sa
 chute ; puis lorsque le prince était assis sur des bases so-
lides , il oubliait ses promesses et brisait l'appui du Juif.
 Cette défiance de la résistance française était une injure au
p a y s , mais qu'importait au monarque? une ressource étran-
 gère était prête sous ses mains ; il l'usait à son service, et la
reniait ensuite.
    Heureusement je trouve dans la conduite du roi Jean une
exception à celle règle invariable. Ce prince sut conquérir le
surnom de B o n , et nul n'ignore qu'il se plaisait à répéter
cette belle sentence : Si la bonne foi et la vérité étaient bannies
de tout le reste du monde, elles devraient se trouver dans la
bouche des rois. Les désastres qui signalèrent son règne purent
bien décider Jean à flatter les Juifs, mais celte prédilection
qu'il leur porta ne se démentit jamais. Serait-ce parce que la
fortune publique ne mit jamais sa reconnaissance à l'épreuve?
j'aime à croire le contraire.
   Quoi qu'il en soit, Jean-le-Bon , forcé de résister à l'en-
vahissement de la France p a r l e s Anglais, rappela l'or des
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