Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.319

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privilèges, et rendit aux Juifs leurs synagogues et leurs livres
sacrés, moins le T h a l m u d , si souvent condamné.
    Après la mort du r o i , son père, Philippe-le-Long alla plus
loin que lui dans les commencements de son règne. Les his-
toriens s'accordent à vanter les douceurs de ce p r i n c e , et
c'est en vertu de cette heureuse disposition d'esprit que Phi-
lippe , dans son ordonnance du mois d'avril 1317, se plaît à
regarder les Juifs comme ses enfanls et ses sujets, sans éta-
blir de distinclion entre eux et les chrétiens ; mais bientôt
son caractère s'aigrit contre les Israélites, l'entourage des
rois a corrompu son cœur, et par le fait même de son esprit
pacifique, il s'accoutuma à ne regarder que par les yeux de
 ses courtisans. Les douze ans de paix garantis aux Juifs par
Louis-le-Hulin ne sont pas expirés, et pourtant voici que ,
 sous le prétexte de ridicules accusations, les Juifs sont bannis
 par Philippe : ils avaient, disait-on, fait un pacte avec les
 lépreux, ils avaient empoisonné les puits et les fontaines
 publiques ; c'est la première fois que l'usure ne leur fut pas
 i m p u t é e ; mais ne nous y trompons p a s , l'intérêt réchauffe
 toujours la rage du fanatisme. Voyez comme les bûchers dres-
 sent leur tête ; il faut à la France les cendres ou l'or des Juifs;
 malheur à ceux qui n'avaient pas eu la sagesse de s'enrichir
 aux dépens des chrétiens, ils furent brûlés; au contraire, les
 Israélites engraissés par les gains du commerce ou l'usure
 furent respectés, mais pillés ; on leur accorda le droit de
 séjourner en France et de s'enrichir encore , ce droit leur
 fut vendu par le trésor royal au prix de cent cinquante mille
 livres. Etonnez-vous après cela d'avoir forcé les Juifs à la
 r a p i n e , et recherchez la cause de ces profondes antipathies
  nationales.
   Philippe-de-Valois vint associer son nom aux vexations des
 règnes précédents, mais il le fit avec un raffinement d'adresse
 qui faillit ébranler la constance judaïque. Le caractère privé
 des Israélites ne fut pas le but des poursuites du pouvoir ;
 le prince voulut seulement effacer de leur front le signe re-