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S17 merci de tous ; leur adroite activité ne lente pas un effort pour pénétrer secrètement jusqu'à leurs richesses ; ils s'endorment au contraire dans l'indifférence ; ils attachent si peu de prix à ce livre dépositaire de leurs intérêts les plus cachés, que l'ouvrage s'égare, à Naples , et tombe entre les mains de Ni- colas Flamel. Ce n'est pas tout encore : le chrétien s'adresse à un Juif, et le fameux cabaliste Rabbi-Nazard ne cherche pas à le t r o m p e r , à ressaisir la propriété de ses frères ; il la livre tout entière ; il met entre les mains de Flamel la clef de tous ces m y s t è r e s , et depuis ce temps les Juifs n'enten- dent plus parler de rien , ne se plaignent de rien. En vérité, c'est beaucoup trop de bonhomie. Peut-être, après 1311., le hasard a-t-il amené la décou- verte d'un ou deux trésors à Lyon, peut-être aussi quelques familles massacrées dans le trajet de l'exil ne sont-elles pas venues redemander à la terre ce qu'elles lui avaient confié ; mais ces faits isolés ont été grouppés et grossis d'une manière fantastique, et je crois que l'on fera bien de les accueillir avec la plus grande défiance. La crédulité publique s'est exer- cée avec prédilection sur Nicolas Flamel ; on est allé jusqu'à lui prêter la possession de la pierre philosophale, et ses riches- ses sont passées en proverbe. Rectifions ces erreurs. Flamel était écrivain et libraire; dans ces temps où l'imprimerie atten- dait encore son inventeur, la double profession qu'exerçait Flamel avec zèle et intelligence , le mit rapidement à la tête d'une brillante fortune. Pernelle, son épouse, lui apporta quelque b i e n , et d'ailleurs notre héros était très-peu délicat en affaires. « À mesure qu'il gagnait de l'argent, dit sa biogra- phie , il achetait de petites rentes sur des maisons , et préfé- rait celles dont le recouvrement était difficile. Alors il faisait mettre l'immeuble aux criées, et trouvait moyen de le faire adjugera bas prix. » Malgré [toutes ces négociations plus ou moins frauduleuses , les revenus de Flamel, au moment de son décès, ne s'élevaient qu'à la somme de 676 livres 5 sols tournois, représentés en 1761 par 4,596 livres de rente. Ce