Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.298

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    Le monastère de Nantua , où fut inhumé pendant sept ans
Charles-le-Chauve , devint depuis une dépendance de l'Eglise
de Lyon. Louis-le-Bègue donna cette abbaye à notre arche-
vêque Aurélius.
     S'il est vrai que Sédécias ait trempé dans la mort de Char-
l e s , les fruits de l'empoisonnement ont trompé son calcul.
    Les Juifs ne rencontrèrent p o i n t , il est v r a i , dans les
successeurs de Charles-le-Chauve des ennemis déclarés : com-
ment ces princes eussent-ils pu tourmenter et proscrire une
partie de leurs peuples , alors que la féodalité s'etendant sur
la France , restreignait chaque jour davantage la volonté
royale F mais aussi, les Israélites , exempts des vexations du
trône et privés de son a p p u i , se trouvèrent désarmés conlre
les haines et les vengeances des puissances seigneuriales.
Qu'on ne s'y trompe pas : en effet, la faveur des deux règnes
précédents avait bien pu comprimer quelques fanatiques
irritations, mais l'esprit public n'avait point été changé à
l'avantage du peuple caressé. Bien au contraire, les antipa-
thies , forcées au silence , avaient péniblement rongé le frein
que leur jetait le trône. Aux causes premières d'aversion^ s'é-
tait jointe une jalousie concentrée contre les fils de Juda. La
manière dont les Israélites avaient usé et quelquefois abusé
de leurs droits, pesait désormais sur leur avenir, et c'était
à force d'oppression , d'exil, de pillage et de meurtre, qu'on
allait leur faire racheter cette émancipation d'un jour.
   La tendance du retour à l'ancien ordre de choses s'était
déjà fait sentir dès les premières années du règne de Charles-
le-Chauve. L'Eglise^ toujours prêle à profiter de la bienveil-
lance des princes pour marcher à ses fins, s'agita deux fois
en 845. La ville de Meaux et la ville de Paris eurent chacune
leurs conciles , et ces assemblées pontificales refusèrent aux
Juifs le droit de plaider , d'administrer, de juger, d'être sol-
dats, d'avoir des esclaves chrétiens, d'élever des synagogues
ou de se marier avec des enfants du Christ. J'ai dit que la
nature de Charles sauva pour un moment les Juifs de cette