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299 r a n c u n e , et les décrets des conciles nous prouvent seulement une chose : l'admission des Israélites, à cette é p o q u e , dans les emplois publics. Lorsqu'une fois le crime imprévoyant de Sédécias eût dé- barrassé de l'influence de Charles les puissances religieuses et séculières , celles-ci se laissèrent aller à la diversité de leurs petites passions, et les r o i s , trop indolents ou trop faibles pour communiquer aux affaires une direction générale dans un royaume divisé et tronqué , n'eurent plus qu'à s'en rapporter au bon vouloir de leurs seigneurs armés. Pendant ces longs jours de confusion et de m i s è r e s , si les Juifs n'eurent pas à déplorer l'exil, ils furent attachés au sol, comptés comme propriété seigneuriale ^ achetés, échan- gés, maltraités, dépendant des caprices du maître, pillés sur un signe d'en-haut, et dégradés jusqu'à ce point de devenir la marchandise juive : c'est ainsi que retombaient sur la sy- nagogue les marchés d'esclaves chrétiens. Les détails nous manquent sur la spécialité de notre his- toire lyonnaise ; m a i s , à coup sûr, dans notre ville, dépen- dant d'une administration archiépiscopale, les Juifs ne durent pas rencontrer plus de commisération qu'ailleurs. Le silence même gardé par les historiens sur leur compte témoigne as- sez de la décroissance dont ils furent les victimes. C'est à peine si, au milieu du onzième siècle, notre archevêque Ha- linard daigna , par une disposition testamentaire , s'occuper des Juifs ; voyons encore dans quel sens. — Des Israélites avaient été tués , leurs biens avaient été pillés , et pour sanc- tifier ce meurtre aux yeux de l'Eglise, qui pardonnait a l o r s , moyennant l'acquisition des dépouilles , ces richesses , fruit du sang, avaient été données au monastère d'Ainay. Or, dans la crainte que plus tard la descendance des victimes échap- pées au massacre v î n t , forte de sa justice , protester contre le meurtre et la ruine de ses pères ; dans la crainte qu'elle vînt dire au couvent : ces richesses se sont corrompues en passant dans vos mains par une source impure ; elles sont